Academia.eduAcademia.edu
Sciences confluent des Série Histoire des techniques dirigée par Olivier Raveux Dans la même collection : Sandrine PARADIS-GRENOUILLET, Sylvain BURRI et Romain ROUAUD, dir., Charbonnage, charbonniers, charbonnières. Confluence de regards sur un artisanat méconnu, 2018, 236 p. Sébastien LARRUE, with the collaboration of Matthew GRAVES, Biodiversity and Socicieties in the Pacific Islands, 2013, 250 p. Henry TRAMIER et Jean-Pierre ROLL, dir., Le corps et la musique, 2011, 180 p. aaPalettempLivre Artisanat.indb 2 17/09/2018 10:01:09 Sciences confluent des Artisanat et métiers en Méditerranée médiévale et moderne sous la direction de Sylvain Burri et Mohamed Ouerfelli 2018 Presses Universitaires de Provence aaPalettempLivre Artisanat.indb 3 17/09/2018 10:01:09 © Presses Universitaires de Provence Aix-Marseille Université 29, avenue Robert-Schuman – F – 13621 Aix-en-Provence cedex 1 Tél. 33 (0)4 13 55 31 91 pup@univ-amu.fr – Catalogue complet sur http://presses-universitaires.univ-amu.fr/ Facebook.com diffusion librairies : afpu diffusion – distribution sodis aaPalettempLivre Artisanat.indb 4 17/09/2018 10:01:10 La fabrication des épingles à tête enroulée Réflection à partir des épingles retrouvées au château d’Apcher (Lozère) Olivier THUAUDET Aix Marseille Univ, CNRS, LA3M, Aix-en-Provence, France Le site d’Apcher : un corpus d’épingles hors du commun Le hameau d’Apcher occupe une petite butte au sud-ouest de la commune de Prunières dans le nord du département de la Lozère, dans l’ancien pays de Gévaudan. Les fouilles réalisées depuis le début des années 2000 par Isabelle Rémy sur le site du château d’Apcher 1 (fig. 1) ont fourni un important corpus d’épingles à tête enroulée et tige droite en alliage cuivreux ; 3768 épingles de ce type – soit un poids total de 686 gr. –, attesté entre le début du xiiie siècle et les environs de 1900, et une trentaine d’exemplaires d’autres types (fig. 2) a été décomptée pour le moment, notamment grâce à un tamisage presque systématique des strates archéologiques. Une telle quantité d’épingles sur un site archéologique n’est pas anodine même si le nombre varie grandement selon la nature des sites fouillés. La plupart en livrent une dizaine voire une ou deux centaines, ce chiffre peut monter jusqu’à mille individus 1 Les opérations archéologiques n’ont pas encore donné lieu à une publication. Les rapports de fouille sont disponibles au SRA Languedoc-Roussillon : Isabelle Rémy, Cécile Fock-Chow-Tho et Guergana Guionova, Lozère, Apcher, Le château, Document final de synthèse de fouille programmée 2001‑2003, rapport de fouille, Prunières, Association des Amis du site d’Apcher, 2004 ; Isabelle Rémy, Guergana Guionova, Olivier Talluault, Cécile Fock-Chow-Tho, Jacques Vacquier et Francis Dieulafait, Château d’Apcher, fouille de la zone 9, Apcher (Lozère), rapport final d’opération, fouille programmée, 2005‑2008, rapport de fouille, Prunières, Association des Amis du site d’Apcher, 2008 ; Isabelle Rémy et Hélène Agostini, Le château d’Apcher, fouille programmée, 2009-2011. Intervention sur la zone 8 : la cour et le logis 3, rapport de fouille, Prunières, Association des Amis du site d’Apcher, 2009 ; Isabelle Rémy et Olivier Thuaudet, Lozère, Apcher, Le château, rapport intermédiaire de fouilles programmées 2010. Intervention sur la zone 8 : Les logis 3 et 4, la cour, rapport de fouille, Prunières, Association des Amis du site d’Apcher, 2011 ; Isabelle Rémy, Marie Caillet, Jean-Marc Femenias, Olivier Thuaudet et Vincent Trincal, Lozère, Apcher, Le château, rapport intermédiaire de fouilles programmées 2011. Intervention sur la zone 8 : Le logis 4 (le secteur 6), le bâtiment 5 (secteurs 7 et 8) et la cour, rapport de fouille, Prunières, Association des Amis du site d’Apcher, 2011. 57 aaPalettempLivre Artisanat.indb 57 19/09/2018 09:29:21 Olivier Thuaudet dans le cas des cimetières 2. Environ 80 % des épingles répertoriées à Apcher sont contenues dans dix couches archéologiques correspondant à des remblais rapportés et/ou dépotoirs mis en place lors des derniers moments de l’occupation du site. Ces contextes contiennent des déchets de fonte d’alliage à base de cuivre – des plats de sole et des chutes de fonderie – ainsi que des ébauches d’épingles. Aucune structure métallurgique n’a, néanmoins, été mise en évidence dans l’emprise des opérations archéologiques mais les structures peuvent avoir été arasées. En outre, un atelier d’épinglier ne nécessite pas forcément d’installations lourdes, quelques établis pouvant suffire. Les déchets retrouvés attestent d’une activité de fabrication d’épingles à tête enroulée et sans doute d’autres objets à proximité de la zone de fouille. Peut-être le métal provient-il de gisements gardois ou héraultais, ou bien encore d’une mine locale 3 ? L’activité de production est difficile à fixer dans le temps et dans la durée ; la datation des couches archéologiques de ce site est assez ardue du fait d’une absence de référentiels régionaux pour la majorité de la céramique. Les données disponibles 2 3 Les sites archéologiques ayant livré des épingles à tête enroulée sont plus qu’abondants puisqu’un peu plus d’une centaine d’entre eux ont déjà été enregistrés. Une carte les répertoriant est disponible à la fin de cet article. Concernant la Provence, la presque totalité des exemplaires sont inédits. Quelques spécimens ont cependant déjà été publiés : par exemple un individu a été retrouvé au castrum de Rougiers (Gabrielle Démians d’Archimbaud, Les fouilles de Rougiers (Var). Contribution à l’archéologie de l’habitat rural médiéval en pays méditerranéen, Valbonne, CNRS, 1990, p. 516), quelques spécimens Place du Général de Gaule à Marseille (Virginie Suviéri et Louis De Boisséson, Les époques médiévale et moderne, in Marc Bouiron, dir., Marseille, du Lacydon au faubourg Sainte‑Catherine. Les fouilles de la place du Général-de-Gaulle, Paris, Éditions de la maison des Sciences de l’Homme, DAF, no 87, 2001, p. 216), à la Colline du château à Nice (Olivier Thuaudet, Le mobilier métallique, in Marc Bouiron, dir., Nice, La colline du château, histoire millénaire d’une place forte, Nice, Mémoires millénaires, 2013, p. 273), un peu moins de 200 sur quatorze autres sites archéologiques marseillais (Olivier Thuaudet et Marie-Astrid Chazottes, Étude du mobilier manufacturé non céramique, in Véronique Abel, Marc Bouiron et Florence Parent, dir., Fouilles à Marseille, Objets quotidiens médiévaux et modernes, Arles, Éditions Errance, Aix-en-Provence, Centre Camille Jullian, Bibliothèque d’Archéologie Méditerranéenne et Africaine, no 16 ; Études massaliètes, no 13, 2014, p. 314-316). Ce chiffre est à comparer avec les presque mille épingles retrouvées dans des sépultures du carré Saint-Jacques à La Ciotat, cimetière ayant fonctionné entre 1581-1583 et 1831 (Anne Richier, Corinne Aubourg, Sylvain Barbier, Francis Cognard, Jean Collinet, Julie Hernot, Frédéric Moroldo et Nicolas Weydert, Les sépultures, in Anne Richier, dir., Bouches-du-Rhône, La Ciotat, Carré Saint‑Jacques. L’Îlot Saint-Jacques : du vignoble champêtre au cimetière paroissial, rapport de fouilles, Aix-en-Provence, DRAC PACA, t. 1, 2011, p. 241-327). Le district d’Hierle, dans le Gard a été l’objet d’une intense activité d’extraction de l’argent à partir de gîtes de cuivre argentifère comme le site de Petra (Alba Marie-Christine Bailly-Maître, La Terre d’Hierle et ses mines au Moyen Âge, in De roches et d’Hommes : mines et minéraux en Cévennes, Le Vigan, Musée Cévenol, 2012, p. 5-19). Dans l’Hérault, des travaux datés des environs de l’an mille ont été mis en évidence dans la mine de cuivre argentifère de La Roussignole 2 à Cabrières (Alexandre Maas, La mine de La Roussignole 2 [Cabrières, Hérault] : Premiers résultats des recherches, Archéologie en Languedoc 26, 2002, p. 59-60). Des indices ou des exemples de mines de cuivre exploitées « anciennement » sont signalés par L. Becquey dans l’Aude, l’Hérault et le Tarn (Louis Becquey, Mines et minières métalliques abandonnées ou qui n’ont point encore été exploitées en France, in Ravinet Théodore, Code des ponts et chaussées et des mines ou collection complète des lois, arrêtés, décrets, ordonnances, règlements et circulaires concernant le service des ponts et chaussées et des mines, jusqu’au 1er janvier 1829, t. 3, Paris, Carilian-Cœury, 1829, 213‑216). En Aveyron, à Bouco-Peyrol, des recherches archéologiques ont permis la découverte une mine de cuivre argentifère appartenant à l’abbaye de Sylvanès et exploitée aux xiie et xiiie siècles (Bernard Lechelon, La mine d’argent médiévale de Bouco-Payrol (Aveyron), Archéologie en Languedoc 21, 1997, p. 167‑182). 58 aaPalettempLivre Artisanat.indb 58 19/09/2018 09:29:21 La fabrication des épingles à tête enroulée la concernant 4 ainsi que celles du mobilier métallique récolté dans les strates fouillées sont assez caractéristiques d’un intervalle xive-xviie siècle 5. Mais, le processus de remblaiement général du site, qui a pu servir aussi de dépotoir, à la fin de l’occupation, semble s’être réalisé très rapidement au xvie siècle, peut-être au début du xviie siècle 6, et les terres, employées en cette occasion, contenaient un mobilier plus ancien. La fabrication des épingles n’est pas renseignée par la littérature technique médiévale. Au cours de l’époque moderne, sous l’impulsion des travaux des encyclopédistes à la suite de la création de l’Académie Royale des Sciences, l’étude des arts industriels est, au milieu du xviiie siècle, en plein développement. La fabrication des épingles à tête enroulée fait alors l’objet d’observations précises par des ingénieurs français. Leurs témoignages montrent que les ateliers de Laigle, en Normandie, sont à cette période le siège d’une production massive d’épingles de ce type. Grâce à un découpage des étapes de leur fabrication, un atelier pouvait produire des dizaines de milliers d’exemplaires par jour. Aucun élément ne permet d’envisager la transposition d’une telle réalité à la période médiévale ou au début de l’époque moderne, particulièrement dans les régions méridionales. Existait-il, à Apcher, le même mode opératoire que celui décrit par les ingénieurs modernes ? L’examen des rebuts indique qu’ils ne peuvent y être rattachés stricto-sensu. La production d’Apcher étaitelle normalisée, c’est-à-dire, les épingles sont-elles fabriquées selon des dimensions standardisées ? Le résultat d’une analyse statistique sur les milliers d’épingles retrouvées sur ce site fournit quelques éléments de réponses. L’épingle à tête enroulée, objet des attentions des ingénieurs français du xviiie siècle En France, le processus de fabrication des épingles a été observé par deux témoins directs. Le premier est J.-R. Perronet, ingénieur des Ponts et Chaussées à Alençon, qui en 1740, rédige un mémoire sur le sujet en se préoccupant également des salaires et des rythmes de travail des ouvriers de Laigle. En tant qu’ingénieur, ce qui l’intéresse est l’évaluation des coûts. Son approche est novatrice car à l’époque il n’y a guère de traces de calcul du coût de revient. L’intérêt de son travail n’est pas compris par ses employeurs 7. Il en donne une copie à D. Diderot en 1760 8, qui en publie le contenu en 1765 dans le tome comprenant des planches sur le travail des épingliers 9. 4 5 6 7 8 9 Étude céramique menée par Guergana Guionova (LA3M, UMR 7298). Isabelle Rémy (INRAP), responsable des fouilles programmées réalisées sur le site, a mis en évidence que les couches les plus anciennes ont disparues à cause de réaménagements postérieurs. Il convient de garder une certaine prudence vis-à-vis des datations, l’analyse de la céramique et des ensembles stratigraphiques, encore en cours, sont susceptibles de les modifier quelques peu. Jean-Louis Peaucelle, Le coût de revient des épingles en Normandie au 18e siècle, 1999, (papiers de recherche du GREGOR), consulté le 8 octobre 2012, URL : http://www.univ-paris1.fr/GREGOR, p. 12. Ibid. p. 2. Jean-Rodolphe Perronet, Épinglier, in Diderot Denis, Alembert et Jean le Rond d’, dir., Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, t. 3 des planches, Paris, édit. mult., 1760. 59 aaPalettempLivre Artisanat.indb 59 19/09/2018 09:29:22 Olivier Thuaudet Auparavant, dans une étude parue en 1761, H.-L. Duhamel du Monceau s’en était servi en y ajoutant ses propres observations, des notes de Réaumur archivées à l’Académie des Sciences ainsi que des informations fournies par De Chalouzière, juge de police à Laigle 10. Signe de son succès, cet écrit fera l’objet d’une traduction allemande en 1762 11 et sera résumé dans le Dictionnaire portatif des arts et métiers de P. Macquer édité en 1766-1767 12. Il est de nouveau publié en 1764 en accompagnement de l’Art de convertir le cuivre rouge ou cuivre de rosette en laiton ou cuivre jaune, écrit par l’ingénieur en chef Galon. Cet ouvrage en deux parties traduit en allemand la même année 13 est inséré en 1777 dans le tome 7 de la nouvelle édition des Descriptions des arts et métiers faites ou approuvées par messieurs de l’Académie royale des sciences de Paris 14. Le deuxième témoin est A. Deleyre 15. Il est envoyé par D. Diderot à Laigle pour observer le travail des épingliers, modèle du genre dans le découpage des tâches, et en fournir la matière d’une rubrique insérée en 1755 dans l’Encyclopédie 16. Son article est repris en 1760, in extenso, dans le tome 2 du Dictionnaire universel de commerce, d’histoire naturelle et des arts et métiers, œuvre de J. et P.-L. Savary des Bruslons 17. En 1776, dans la Richesse des Nations, en s’appuyant certainement sur l’Encyclopédie de Diderot, A. Smith reprend l’exemple du processus de fabrication des épingles de Laigle et sa division du travail, dans ses démonstrations sur la productivité 18. Un siècle plus tard, la chaîne opératoire décrite par P. Poiré, en 1875, dans La France industrielle ou description des industries françaises, est identique à 10 11 12 13 14 15 16 17 18 Henri-Louis Duhamel du Monceau, René-Antoine Ferchault de Réaumur et Jean-Rodolphe Perronet, Art de l’épinglier, Paris, Saillant et Noyon, 1761. Henri-Louis Duhamel du Monceau, René-Antoine Ferchault de Réaumur et Jean-Rodolphe Perronet, Art de l’épinglier, in Bertrand Jean-Élie, éd. Descriptions des arts et métiers faites ou approuvées par messieurs de l’Académie royale des sciences de Paris, nouvelle édition, t. VII, contenant l’art de la draperie, l’art de friser ou ratiner les étoffes de laine, l’art de faire les tapis, façon de Turquie, l’art du chapelier, l’art du tonnelier, l’art de convertir le cuivre en laiton & l’art de l’épinglier, Neufchatel, Imprimerie de la Société Typographique. Philippe Macquer, Dictionnaire portatif des arts et métiers, 1766-1767, t. 1, p. XXV et 580-590. Jean-Gaffin Galon, « Art de l’épinglier », in Bertrand Jean-Élie, éd., Descriptions des arts et métiers faites ou approuvées par messieurs de l’Académie royale des sciences de Paris, nouvelle édition, t. VII, contenant l’art de la draperie, l’art de friser ou ratiner les étoffes de laine, l’art de faire les tapis, façon de Turquie, l’art du chapelier, l’art du tonnelier, l’art de convertir le cuivre en laiton & l’art de l’épinglier, Neufchatel, Imprimerie de la Société Typographique, 1777, p. 425. Henri-Louis Duhamel du Monceau, René-Antoine Ferchault de Réaumur et Jean-Rodolphe Perronet, Art de l’épinglier, op. cit. ; Jean-Gaffin Galon, Art de l’épinglier, art. cit. Il est orthographié Delaire dans l’Encyclopédie de Diderot. Alexandre Delaire (Deleyre), 1755, « Épingle », in Denis Diderot et Jean le Rond d’Alembert, dir., 1751‑1776, 1778-1779, Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, 6 tomes, New York, Readex microprint corporation. Jacques Savary des Bruslons et Philémon-Louis Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, d’histoire naturelle et des arts et métiers, (nouvelle édition augmentée), 5 vol., Copenhague, C. et A. Philibert, 1759-1765, Article « Épingles et épingliers ». Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Londres, W. Strahan et T. Cadell, 1776. Sur l’exemple des épingles dans le raisonnement d’Adam Smith sur la division du travail, se reporter à Jean-Louis Peaucelle, Raisonner sur les épingles, l’exemple d’Adam Smith sur la division du travail, Revue d’économie politique 4, 2005, p. 499-519. 60 aaPalettempLivre Artisanat.indb 60 19/09/2018 09:29:22 La fabrication des épingles à tête enroulée celle retracée par les ingénieurs français du xviiie siècle, même si les machines commencent à prendre une place de plus en plus importante 19. Dans le détail, l’outillage et les gestes des ouvriers ont été optimisés, avec sans doute des variations entre les régions de production à l’échelle européenne 20. La chaîne opératoire de fabrication des épingles de Laigle au milieu du xviiie siècle Bien qu’elles soient un produit de grande consommation et de faible prix, la fabrication des épingles à tête enroulée nécessite un grand nombre d’opérations. Au xviiie siècle, leur confection obéit à une chaîne opératoire rigoureuse éclatée entre de multiples ouvriers pour une plus grande rapidité d’exécution et une diminution des coûts. Une production plus artisanale, dans le cadre d’une unité familiale, continue cependant à exister 21. La fabrication d’une épingle à tête enroulée en alliage cuivreux nécessite vingt‑cinq étapes selon l’article « Pin » de la Cyclopaedia de l’encyclopédiste anglais E. Chambers 22. Toutefois, celui-ci ne la décrit pas. Les ingénieurs français sont beaucoup plus loquaces : ils dénombrent dix-huit étapes depuis l’arrivée du fil à l’atelier jusqu’à son conditionnement pour la vente (fig. 3). La première est celle du décapage du fil acheté par l’atelier, puis vient le calibrage du fil de laiton. Il se réalise par passages successifs de celui-ci dans les trous, de plus en plus petits, d’une filière jusqu’à l’obtention du diamètre désiré. De temps à autre, le fil est recuit pour que le métal retrouve sa capacité de déformation. Les derniers passages à la filière ne sont pas suivis d’un recuit afin que le métal soit bien écroui et donc bien dur. Après chaque recuit, le fil est décapé dans un chaudron d’eau et de gravelées 23 portées à ébullition pour attaquer le noir de recuit. De temps à autre, un ouvrier prend l’écheveau de fil et le frappe contre un billot de bois pour faire tomber cette couche superficielle et rendre le métal plus jaune et plus brillant. En enlevant les impuretés, le passage du fil dans les trous de la filière est également facilité. Le fil destiné à faire le corps des épingles est dit fil à moule, celui destiné à faire la tête, fil à tête. Ce dernier est de diamètre inférieur à celui qui sert à faire la tige. 19 20 21 22 23 Paul Poiré, La France industrielle ou description des industries françaises, Paris, Hachette et Cie, 1875, p. 508-514. Se reporter à Jean-Louis Peaucelle, Les innovations techniques et organisationnelles dans la fabrication des épingles, Innovations 27, 2008, p. 34-44. Gabriel Vaugeois, Histoire des antiquités de la ville de L’Aigle et de ses environs, L’Aigle, P.-É. Brédif, 1841, p. 592-596. Ephraïn Chambers, Cyclopaedia: or an universal dictionary of arts and sciences, 2 t., Londres, s.n., 1728, t. 2. « Les épingliers appellent ainsi le tartre crud (sic) qui s’attache à l’intérieur des tonneaux où l’on a mis le vin. Il y en a de la blanche et de la rouge suivant la couleur du vin » (Henri-Louis Duhamel du Monceau, René-Antoine Ferchault de Réaumur et Jean-Rodolphe Perronet, Art de l’épinglier, art. cit., 602). 61 aaPalettempLivre Artisanat.indb 61 19/09/2018 09:29:22 Olivier Thuaudet L’étape suivante est celle du dressage du fil jusqu’à présent conservé sous la forme d’un écheveau. L’art du dresseur consiste à placer des clous sur une planche nommée engin afin que, en suivant un chemin forcé, le fil redevienne parfaitement rectiligne. La disposition des clous demande un certain savoir-faire pour obtenir un fil parfaitement droit et parce qu’elle évolue en fonction du diamètre du demi-produit. Lors de cette opération, l’ouvrier court jusqu’au fond de la salle en tirant le fil avec des tenailles, puis revient au niveau de l’engin pour couper la portion ainsi obtenue, appelée dressée. Réunies en bottes, les dressées passent au rognage, c’est-à-dire la coupe des bottes en tronçons – ou bouts – de trois, quatre ou cinq épingles, avec des cisailles, à l’aide d’une boîte normalisant les longueurs (fig. 4) Ces tronçons sont plus maniables qu’une longueur d’une ou deux épingles lors du passage à la meule. Ils sont légèrement plus grands que l’addition de la longueur des futures épingles car l’épointage qui suit en réduit la dimension. Les tronçons, regroupés en une tenaillée, sont ensuite épointés aux deux extrémités sur une meule de fer abrasive grâce à un mouvement des doigts de l’épointeur. Un second passage est réalisé sur une meule aux taillants plus fins pour affiner les pointes. Les tronçons sont ensuite coupés à la longueur voulue grâce à une boîte normalisatrice. Il en ressort deux hanses à bonne longueur – c’est-à-dire des épingles sans tête – et un ou des tronçons sans pointe qui sont envoyés aux épointeurs, puis au rognage pour enlever le surplus de tige et créer les pointes. Les têtes sont ensuite fixées au bout des tiges, c’est l’entêtage. Le fil de tête nécessite un métal particulièrement flexible. Au besoin, il peut être préalablement recuit 24. Ce fil est enroulé en hélice autour d’une tige appelée moule à tête (fig. 5). Une fois cette tige retirée, on obtient une moulée. Chaque tête nécessite la coupe par le moyen de ciseaux bien affutés d’un morceau de moulée équivalent à deux révolutions. Les têtes sont ensuite recuites pour assouplir la matière, enfilées à l’extrémité opposée à la pointe, puis fixées à l’aide d’un entêtoir. Cette machine est constituée d’une enclume, creusée d’une rainure ou gouttière pour la tige, d’une cavité pour la tête de l’épingle sur laquelle vient frapper avec force un poinçon excavé d’une moitié de tête et actionné par une pédale (fig. 6) 25. D’après R.-A. Réaumur 26, une méthode était auparavant utilisée où le poinçon était placé manuellement et recevait des coups de marteau. Mais selon ses dires, « elle est plus longue et vaut moins » que la nouvelle. Dans tous les cas, l’ébauche doit être tournée jusqu’à obtention d’une tête arrondie adhérant parfaitement à la tige, ce qui nécessite cinq à six coups. Les épingles sont ensuite nettoyées à la gravelée puis éventuellement blanchies à l’étain par un procédé très particulier. Une alternance de plaques d’étain avec des lits d’épingles est réalisée dans un récipient rempli d’un mélange d’eau et de gravelée porté à ébullition. La gravelée dissout alors l’étain qui s’attache au cuivre et l’étame. Les plaques d’étain, assez épaisses, peuvent durer plusieurs mois. Quant P. Poiré précise que les têtes recuites sont plongées dans de l’eau froide pour les tremper, ce qui a pour effet de ramollir encore plus le métal (Paul Poiré, La France industrielle, op. cit., p. 510). 25 Henri-Louis Duhamel du Monceau, René-Antoine Ferchault de Réaumur et Jean-Rodolphe Perronet, Art de l’épinglier, art. cit., 561-564. 26 Ibidem, p. 565. 24 62 aaPalettempLivre Artisanat.indb 62 19/09/2018 09:29:22 La fabrication des épingles à tête enroulée aux épingles, elles sont séchées dans un petit tonneau rempli de son tourné à pleine vitesse. Il ne reste plus alors qu’à vanner le mélange pour récupérer les épingles, et à les placer en rangées sur du papier, préalablement troué à l’aide d’un outil spécifique en forme de peigne, le quarteron 27 : c’est le boutage. La documentation iconographique ancienne Les sources modernes sont particulièrement précises, il en est autrement pour les sources médiévales. À défaut de traités médiévaux retraçant l’élaboration des épingles, quelques sources iconographiques allemandes du xvie siècle permettent de se faire une idée de quelques étapes de leur fabrication. Ce sont notamment les peintures d’artisans au travail conservées dans des registres de la Stadtbiblioteck de Nuremberg ayant appartenu à des maisons abritant des artisans nécessiteux, les établissements Mendel et Landauer 28. L’objectif de ces images, qui pour certaines sont clairement la copie de plus anciennes, n’étant pas de diffuser un savoir mais de représenter des artisans abrités par ces institution, elles peuvent receler des erreurs. Trois opérations y sont illustrées. La première consiste, semble-t-il, en la fixation de la tête sur une tige, disposée dans l’une des rainures d’un tas, par martelage. Elle se devine sur une gravure datée de 1568 (fig. 10), et est parfaitement visible sur une peinture datée de 1595 (fig. 8). L’ouvrier tient un marteau avec une panne circulaire plate. Cet instrument se retrouve sur d’autres peintures nurembergeoises 29. Cela sous-entendrait l’existence d’une chaîne opératoire différente de celle décrite par les ingénieurs du milieu du xviiie siècle, et la fabrication des épingles une par une. Curieusement, les autres tas dont il est possible d’observer la surface sont plats. La seconde étape est le limage de l’épingle présent sur toutes les autres illustrations de Nuremberg (fig. 7 et 9). Sur quelle partie est-il réalisé ? Peut-être à l’extrémité de la tige opposée à la tête, pour créer la pointe, à moins que ce ne soit sur la tête elle-même pour l’homogénéiser. L’observation de la tête des épingles et des ébauches étudiés n’a jamais livré de telles traces. Était-il suivi d’un polissage ? Aucun des instruments constatés sur la table des artisans ne l’indique et ce mode opératoire aurait rallongé de manière importante la fabrication d’une épingle. La troisième opération est le boutage des épingles sur un papier. Elle est représentée sur la gravure de 1568 (fig. 10) et le résultat en est visible sur une des peintures d’un livre de la maison Mendel (fig. 7). Une sorte de couteau à dents de scie (fig. 9), rappelant le quarteron, a pour rôle de piquer le papier. Dans ces illustrations, les épingles sont liées en fagots (fig. 9) 30. À l’exception de la peinture nurembergeoise la Ibidem, p. 572. Parmi les images non figurées ici des registres Mendel et Landauer de la Stadtbiblioteck de Nuremberg : Amb 317,2o fo 150 vo, 1533 ; Amb 317b, 2o fo 8 ro, 1536, Amb 279,2o fo 37 ro, 1548 ; Amb. 279.2o , fo 58 ro, 1583 ; Amb 317b.2o fo 7 ro, 1555 ; Amb 317b.2o fo 9 ro, 1556 ; Amb 317,2o fo 19 vo, 1565 ; Amb 317b.2o fo 24 ro, 1568. 29 De même dans Amb. 317b.2o, fo 8 ro, 1536 ; Amb. 317b.2o, fo 9 ro, 1556 ; Amb. 279.2o, fo 58 ro, 1583. 30 De même dans Amb. 279.2o, fo 37 ro, 1548 ; Amb. 279.2o, fo 58 ro, 1583 ; Amb. 317.2o, fo 19 vo, 1565. 27 28 63 aaPalettempLivre Artisanat.indb 63 19/09/2018 09:29:22 Olivier Thuaudet plus ancienne, toutes les autres présentent de petits bols contenant des épingles en cours de fabrication. Les déchets de fabrication d’Apcher Les différentes sources techniques et iconographiques interrogées apportent un éclairage sur différentes possibilités concernant le processus de fabrication des épingles. Il est nécessaire de les confronter au mobilier archéologique. Celui mis au jour sur le site d’Apcher se prête assez bien à cette comparaison. Le diamètre des épingles du corpus est compris entre 0,05 cm et 0,19 cm alors que celui des ébauches identifiables, au nombre de 32, varie entre 0,12 et 0,23 cm. Il est surprenant de constater l’absence d’ébauches pour les épingles au diamètre inférieur à 0,12 cm, alors qu’elles constituent la très grande majorité du mobilier. Un grand nombre d’ébauches ne sont plus qu’à l’état de fragments de tiges parfois épointées (fig. 11). D’autres disposent encore d’une tête à une extrémité (fig. 14 et 17) à laquelle s’ajoute dans certains cas une seconde tête au milieu de la tige (fig. 15 et 17). Quelquefois, elles possèdent les deux. La totalité des extrémités de tiges qui ne se terminent pas par une tête ou une pointe présentent des traces de fracture. Il est à noter la présence de deux éléments de moulé, de 0,04 et 0,08 cm de diamètre (fig. 12). Pour des raisons de commodité, le fil servant de matière première a pu être transporté jusqu’à l’atelier de l’épinglier sous forme d’écheveaux ou de bobines. S’il voyageait sous forme de longueurs plus réduites, il y aurait un déchet de coupe plus important lors de la fabrication d’épingles aux dimensions précises. En outre, les cahots du transport auraient pu briser un certain nombre de ces longues tiges assez fragiles. Mais, cela reste du domaine des hypothèses. Parvenu à l’atelier, le fil doit être dressé, c’est-à-dire rendu droit. Peut-être était-ce réalisé ainsi que le rapportent les ingénieurs modernes, par le passage du fil entre des clous adroitement disposés. L’abrasion localisée de la surface des épingles et des rebuts du corpus, afin d’enlever les oxydes superficiels, révèle un matériau grisâtre ou tendant vers le jaune : il s’agit donc d’alliages 31. Des analyses métallographiques sur les ébauches d’épingles du site d’Apcher n’a pas encore pu être réalisées, mais elle est envisagée afin de connaître la nature exacte du matériau utilisé et l’ampleur de la déformation plastique. Sur ce point, les analyses métallographiques effectuées par N. Thomassur des tiges en alliage cuivreux découvertes dans un atelier métallurgique parisien 31 Au Royaume-Uni, des épingles médiévales et modernes de différents types découvertes à Winchester, dont des épingles à tête enroulée et tige droite ainsi que des épingles à double calotte, ont révélé une composition de type bronze (Ronald Frank Tylecote, Scientific examination and analysis of objects of coppe-base alloy, in Martin Biddle, dir., Artefacts from medieval Winchester, t. VII, partie II, Object and economy in medieval Winchester, Oxford, Clarendon press, vol. 1, 1990, p. 134). Mais, les îles britanniques sont une région où l’emploi du zinc sous forme de calamine dans les alliages est apparu tardivement, au xvie siècle (Joan Day, Brass and zinc in Europe from the middle ages until the midnineteenth century, in Paul Terence Craddock, dir., 2000 years of zinc and brass, (révisé), Londres, British Museum, 1990, 1998², p. 142-143). 64 aaPalettempLivre Artisanat.indb 64 19/09/2018 09:29:22 La fabrication des épingles à tête enroulée du second quart du xive siècle se révèlent intéressantes 32. Elles ont montré que la déformation plastique pouvait avoir pour résultat une division par trois à quatre du diamètre initial de l’ébauche. Mais pourquoi partir d’un fil relativement épais ? H.-L. Duhamel de Monceau rapporte que « les bons épingliers ont en vue de bien écrouir leur fil de laiton quand ils l’achètent toujours plus gros que les opérations qu’ils se proposent de faire » afin d’augmenter la « roideur » des épingles, surtout des plus fines qui sinon « plieraient comme du plomb 33 ». En partant du principe que la suite du processus en vigueur dans les ateliers de Laigle au xviiie siècle s’applique au corpus, aucune ébauche ne devrait présenter de tête puisque celles-ci sont mises en place alors que les tiges sont à bonne longueur, mais c’est ici le contraire (fig. 14 et 17). En outre, comment expliquer la présence d’une tête au milieu des tiges sur certains exemplaires (fig. 15) ? L’entêtage (fig. 19, A) n’a pu être effectué qu’avant la mise en longueur finale, et nécessairement après le rognage, c’est-à-dire après la coupe des dressées en tronçons – ou bouts – de trois, quatre ou cinq épingles selon le choix de l’artisan. Une tête est alors disposée à un bout de la tige et les autres à intervalle régulier, le long du fil. L’épointage est ensuite réalisé à l’extrémité dépourvue de tête et il est enfin procédé à la coupe en tronçons. Quelques ébauches montrent que lorsque l’artisan prenait une tenaillée de tronçons, certains n’étaient pas disposés dans le bon sens. En effet, trois exemplaires présentent une pointe assez abrupte et irrégulière derrière la tête sommitale (fig. 15). Le fabricant, qui agit avec rapidité pour des raisons de productivité, a été trompé par cette portion de fil et l’erreur réparée en épointant l’autre extrémité. La forme des pointes fautives rend improbable un épointage avant entêtage, car elles eussent alors été plus régulières. Ces ébauches entières possèdent une tête à l’extrémité de la tige et une seconde au niveau du tiers inférieur. Cette caractéristique est assez curieuse puisqu’elle est absente des autres spécimens complets. Ces ébauches entières possèdent une tête à l’extrémité de la tige et une seconde au niveau du tiers inférieur. Toutes disposent entre ces deux têtes d’un espace suffisant pour permettre la confection de deux épingles d’une longueur à peu près similaire. En prenant comme exemple la plus petite qui mesure 14,9 cm de long (fig. 20), si on rajoute une troisième tête entre les deux déjà présentes, il s’obtient après la découpe : – une épingle achevée de 4,7 cm de long, – deux épingles à épointer de 5,1 cm qui, après meulage, auront quelque peu diminué de longueur. Les dimensions des objets terminés, entre 4,7 et 5 cm pour 0,14 cm de diamètre, trouvent leur semblable dans le corpus. L’oubli du placement de certaines têtes Nicolas Thomas, Les ateliers urbains de travail du cuivre et de ses alliages au bas Moyen Âge : Archéologie et histoire d’un site parisien du xive siècle dans la Villeneuve du Temple (1325-1350), thèse d’Archéologie médiévale sous la direction de Paul Benoît, Université de Paris I PanthéonSorbonne, Paris, inédit, 2009, p. 693-702. 33 Henri-Louis Duhamel du Monceau, René-Antoine Ferchault de Réaumur et Jean-Rodolphe Perronet, Art de l’épinglier, art. cit., 540. 32 65 aaPalettempLivre Artisanat.indb 65 19/09/2018 09:29:22 Olivier Thuaudet aurait-il conduit au rebut la plupart des ébauches du corpus ? Il eut suffit pourtant de les rajouter. Une étape dans la fabrication échappe probablement encore à l’analyse. Ce processus nécessite une certaine dextérité dans la disposition des têtes pour des longueurs d’épingle régulières. Une règle pourrait être utilisée, mais en comparant les ébauches à deux têtes entre elles, il apparaît que le positionnement des têtes n’est pas totalement homogène. La chaîne opératoire proposée à partir des ébauches d’épingle d’Apcher (fig. 19, A) a néanmoins le mérite d’expliquer l’absence de tête en bout de tige chez certains spécimens. En effet lors de la coupe, comme cela est exposé dans les Descriptions des arts et métiers 34, l’ouvrier rassemble les ébauches en un faisceau dans une boîte normalisatrice pour couper les tiges à la longueur voulue (fig. 22). Pour peu qu’une ébauche soit trop courte, trop longue ou mal placée, le sectionnement conduit à l’obtention de tiges sans tête 35 ou avec un reste de tige au-delà de la tête. Cette imperfection se rencontre régulièrement sur les épingles à tête enroulée retrouvée à Apcher (fig. 13), mais également en Provence 36. Il a été cité précédemment dans le témoignage des ingénieurs modernes l’utilisation de l’entêtoir pour la fixation des têtes. L’usage de cet instrument ou d’un outil apparenté apparaît nécessaire pour les épingles et ébauches du corpus, car l’emploi d’un petit marteau ne permet pas la réalisation d’un arrondi jusqu’au contact de la tige sans laisser des traces de coups. D’après Réaumur, il s’agit d’une trace spécifique d’un entêtoir 37. Elle est la conséquence d’une légère entaille par le rebord de la gouttière. L’oxydation superficielle, même pour les épingles en excellent état, et la finesse de la tige de la majorité des exemplaires du corpus en rendent l’observation difficile. En outre, cette marque n’apparaît que si la tige n’est pas parfaitement adaptée à la rainure d’accueil. Elle est cependant visible sur quelques épingles à gros diamètre. Pour frapper les têtes situées au milieu des tiges du corpus (fig. 21), les parties dormantes et actives de l’entêtoir ont nécessairement été adaptées et la cavité destinée à la tête poursuivie des deux côtés par une rainure. L’observation de la tête des épingles et des rebuts montre qu’elle est presque toujours à deux spires et le pas de l’hélice tourné vers la droite. Les têtes des déchets de fabrication du corpus sont d’une forme globalement sphérique et ne présentent pas de traces de limage ou de meulage. Sur un certain nombre d’épingles achevées, il est visible que le fil de tête écrasé recouvre l’extrémité de la tige. Avec la chaîne opératoire proposée, ces exemplaires ne peuvent provenir que de l’extrémité d’un tronçon. Ces caractères sont visibles sur les têtes de bout des rebuts du site d’Apcher. Henri-Louis Duhamel du Monceau, René-Antoine Ferchault de Réaumur et Jean-Rodolphe Perronet, Art de l’épinglier, art. cit., 554-555. 35 Jean-Pierre Jorrand (Étude d’une série d’épingles post-médiévales découvertes à Laon (Aisne), Revue archéologique de Picardie 3/4, 1986, p. 139-141) dans une publication sur des ébauches découvertes à Laon propose d’interpréter quatre tiges de même longueur comme des hanses en attente de tête. Le même site a livré une ébauche à deux têtes. Avec le processus proposé les tiges sont le résultat d’un raté de coupe. 36 Par exemple sur une épingle marseillaise de la première moitié du xiiie siècle (Olivier Thuaudet et Marie-Astrid Chazottes, art. cit., 2014, fig. 244, no 2). 37 Henri-Louis Duhamel du Monceau, René-Antoine Ferchault de Réaumur et Jean-Rodolphe Perronet, Art de l’épinglier, art. cit., 565. 34 66 aaPalettempLivre Artisanat.indb 66 19/09/2018 09:29:23 La fabrication des épingles à tête enroulée Un certain nombre d’épingles d’Apcher ou d’exemplaires provençaux conservent encore une tête de forme hélicoïdale et non pas sphérique. Dans les Descriptions des Arts et métiers, De Chalouzière rappelle qu’il existe deux espèces d’épingles aux prix différents : les fines ou repassées et les communes. Ces dernières se distinguent par un unique passage à la meule et par trois coups d’entêtoir contre cinq pour les fines 38. La différence de finition dans les têtes en découle certainement. La création de groupes d’artefacts basés sur le degré d’arrondi de la tête s’est révélée impossible à mettre en œuvre dans le corpus des épingles, car il existe une infinité de stades intermédiaires, signe que le nombre des frappes d’entêtoir et leur intensité étaient très variables. La chaîne opératoire proposée pour le site d’Apcher peut-elle s’appliquer aux découvertes faites sur d’autres sites archéologiques ? La publication d’ébauches d’épingle est malheureusement rare. Il est possible que ces objets n’aient pas forcément attiré l’attention des archéologues, car ils nécessitent une certaine connaissance du mobilier, et leurs découvertes sont également peu courantes. Sur 3447 exemplaires enregistrés pour la Provence, dans le cadre d’une thèse sur les accessoires du costume, seule une unique ébauche a été formellement identifiée 39. Elle provient du site avignonnais de la rue Banasterie, mais la datation du contexte n’est actuellement pas disponible 40. En dehors de la Provence, les fouilles exécutées sur la place du marché aux Herbes à Laon, dans l’Aisne, ont fourni une série d’ébauches (fig. 18) et d’épingles à tête enroulée datée de la fin du xve siècle au début du xvie siècle et étudiée par J.-P. Jorrand 41. Les ébauches présentent des caractéristiques similaires à celles d’Apcher, ce qui permet d’envisager un processus de fabrication comparable. Cette analogie se niche même dans des détails apparemment mineurs comme le nombre de révolutions de la tête et le pas de l’hélice. Un des rebuts de Laon comporte une tête cordée à proximité immédiate de l’épointement 42. À Avignon, l’objet du site de la Banasterie (fig. 17, en haut), conserve une tête dont l’emplacement, quoique plus éloigné de la pointe, ne peut convenir. Dans le corpus provençal ou dans la bibliographie, il n’existe aucun exemplaire d’épingle aussi court avec un aussi fort diamètre de la tige. Il est très douteux que les têtes se soient déplacées à cause d’une mauvaise fixation. Plus probablement, la disposition et la fixation des têtes devaient être réalisées très rapidement pour une meilleure productivité, ce qui parfois, lorsque le tronçon était trop court, devait entraîner quelques singularités. Au revers de la tête Ibidem, p. 578. Thuaudet Olivier, Les accessoires métalliques du vêtement et de la parure de corps en Provence du xie au xvie siècle : étude archéologique et approche croisée d’une production méconnue, Thèse d’Archéologie médiévale sous la direction d’Andréas Hartmann-Virnich et Marie-Christine Bailly-Maître, Université d’Aix-Marseille, Aix-en-Provence, inédit, 2015, p. 948-958. 40 Le rapport archéologique n’a jamais été rendu au SRA depuis la réalisation de la fouille par Dominique Carru (Service archéologique du Vaucluse) en 1992 et je n’ai pas été autorisé à accéder aux données scientifiques. 41 Jean-Pierre Jorrand, Étude d’une série d’épingles, art. cit., 1986. 42 Ibidem, no 5. 38 39 67 aaPalettempLivre Artisanat.indb 67 19/09/2018 09:29:23 Olivier Thuaudet supérieure de cet artefact, la tige a été coupée en deux dans le sens de la longueur par un instrument coupant aux lames de profil triangulaire d’après les traces conservées. Des traces identiques sont visibles sur un objet d’Apcher (fig. 17, en bas). Le site d’Apcher n’a livré qu’un unique exemplaire d’épingle à tête enroulée étamée, mais un peu plus de 300 ont été inventoriés en Provence 43. Dans la chaîne opératoire décrite par les ingénieurs du milieu du xviiie siècle, l’étamage intervient après le décrassage de l’épingle achevée. L’argenture n’y est pas mentionnée et sa présence n’a pu être détectée, pour le moment, sur des épingles à tête enroulée, malgré la réalisation de tests avec des réactifs chimiques. L’étamage, tout en protégeant de l’oxydation, procure une couleur semblable à moindre coût. Il semble donc peu probable que des épingles de ce type, de faible valeur, aient été souvent couvertes d’argent. Pourtant, H.-L. Duhamel du Monceau explicite un procédé d’argenture pour les épingles à tête enroulée pratiqué à Laigle et un autre mis en œuvre en Angleterre 44. Onze épingles à tête enroulée et tige spiralée (fig. 16) ont été récoltées dans des strates du site d’Apcher. Ce type n’est pas mentionné dans l’édition de 1777 du tome VII des Descriptions des arts et métiers, mais sa fabrication peut être aisément restituée dans le cadre de l’hypothèse de la chaîne opératoire proposée. La torsion de la tige se fait avant son épointage car, du moins pour les spécimens d’Apcher, le meulage a empiété sur celle-ci (fig. 19, B). Elle doit également avoir lieu avant la mise en place de la tête car cette dernière y est directement posée. Normalisation des épingles : quelle réalité ? Les deux procédés de fabrication décrits ci-dessus ont pour point commun de mener à une standardisation des longueurs des épingles de par l’emploi d’une boîte normalisatrice 45. Il est envisageable que cette standardisation s’étende aux autres dimensions des épingles médiévales et modernes du corpus, à savoir au diamètre de la tige et au diamètre du fil employé pour réaliser la tête. M. Biddle et K. Barclay se sont essayés, pour les épingles de Winchester, à mettre en évidence une variation de la longueur entre le xiiie siècle et le xxe siècle et du diamètre à partir du xve siècle 46. Leurs résultats ne peuvent malheureusement pas être utilisés dans le cadre d’un discours scientifique et ce pour plusieurs raisons. Leur corpus est tout d’abord trop faible, seulement 370 exemplaires étudiés pour une période de huit siècles, alors Données inédites. Henri-Louis Duhamel du Monceau, René-Antoine Ferchault de Réaumur et Jean-Rodolphe Perronet, Art de l’épinglier, art. cit., 584. 45 Au xviiie siècle, il existe des tables où chaque longueur d’épingle correspond à un prix convenu. Se conférer à Henri-Louis Duhamel du Monceau, René-Antoine Ferchault de Réaumur et Jean-Rodolphe Perronet, Art de l’épinglier, art. cit., 577, et aux planches « épinglier » de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert parues en 1760. 46 Martin Biddle and Catherine Barclay, Sewing pins and wire, in Martin Biddle, dir., Artefacts from medieval Winchester, t. VII, part. II, Object and economy in medieval Winchester, Oxford, Clarendon press, 1990, vol. 2, p. 560-571. 43 44 68 aaPalettempLivre Artisanat.indb 68 19/09/2018 09:29:23 La fabrication des épingles à tête enroulée qu’un atelier d’épinglier à Laigle pouvait produire au milieu du xviiie siècle plus d’une centaine de milliers d’épingles par jour. Quand bien même la productivité médiévale serait-elle moins conséquente, les documents d’archives confirment qu’il s’agit d’un produit qui s’écoule en grosse quantité 47. En outre, étant donné le prix de vente modeste de ces objets écoulés par les merciers, un atelier devait produire plusieurs milliers voire dizaines de milliers d’épingles quotidiennement pour s’assurer un bénéfice suffisant à son bon fonctionnement Au milieu du xviiie siècle, J.-R. Perronet calcule ainsi qu’une douzaine de milliers d’épingles ne rapportent qu’environ neuf deniers une fois tous les frais payés, salaires des ouvriers compris 48. Enfin, les auteurs britanniques ont rassemblé, pour leur analyse, des objets provenant de sites très divers, ce qui amoindrit d’autant la portée des informations. Il semble effectivement peu probable qu’une cité aussi importante que Winchester n’ait été approvisionnée, en un temps donné et dans le temps, que par un seul atelier. Bien entendu, la taille des épingles est conditionnée par l’usage qui en est fait, et les fabricants standardisent leur production pour répondre aux différents besoins. Cependant, comme il n’est connu aucune loi édictée par des autorités compétentes fixant rigoureusement la norme de ces objets, celles-ci vont différer en fonction des lieux de production. Cela peut se jouer sur quelques millimètres pour la longueur de la tige, quelques dixièmes de millimètres pour le diamètre des fils, mais ces différences suffisent à fausser les résultats. Au xviiie siècle d’ailleurs, les ingénieurs soulignent ces variations dans les normes entre les ateliers d’une même ville 49. En conséquence, s’essayer à mettre en évidence une variation des dimensions des épingles au cours du temps, même à partir de quelque corpus convenablement choisi est donc parfaitement L’inventaire après-décès, daté de 1443, du mercier Jean de Vitry établi à Aix mentionne 1700 spinolarum à raison de 1 gros et demi, 2 gros, 3 gros et 3 gros et demi le millier (AD BDR Aix, 307 E 23, fo 38 ro). Les comptes du roi René font état de l’achat pour nostre petite fille de Lorraine, de cinq cents épingles à 6 patacs le cent durant l’été 1479 (Gustave Arnaud d’Agnel (abbé), Les comptes du Roi René publiés d’après les originaux conservés aux archives des Bouches-du-Rhône, Paris, Librairie Alphonse Picard et fils, 1908, no 4188), de 2450 exemplaires à raison de 5 gros le millier en novembre 1479 (no 2076), de pingues pour les damoyselles en août 1476 (no 2569). L’inventaire réalisé en février 1545, lors de l’ouverture de la balle d’un colporteur décédé à L’Isle-sur-Sorgue, indique un demi‑millier d’espingoles valant 1 gros 12 deniers, soit 3 gros le millier (AD Vaucluse, 3 E 1085, fo 121 ro). En juin 1575, la boutique de feu Claude Moulard, marchand de Marseille, contient vingt douzaines d’espinolles fortes à quatre livres et huit sous la douzaine et vingt autres douzaines d’espinolles à quatre livres deux sous la douzaine (2 B 789, fo 142 ro et 161 ro). Le 17 mars 1631, l’inventaire des biens de feu Jacques Tiran, marchand d’Aix enregistre la présence d’au moins 18264 épingles (AD BDR Aix, 303 E 219, fo 160 ro - 179 vo). La très grande majorité, dix-huit mille, est estimée à 6 s. le millier, et parmi elles quatre mille espingles blanches, vraisemblablement étamées. Les autres ne le sont-elles pas ? En ce cas, l’étamage n’apporterait pas une valeur ajoutée à l’objet. Onze douzaines d’autres épingles, également qualifiées de blanches, sont évaluées 3 l. 10 s. la douzaine et dix douzaines d’espingles rousses sont appréciées à 3 l. 10 s. la douzaine. Est-il ici désigné des épingles non étamées, de la couleur du matériau, très certainement un alliage à base de cuivre ? Il apparaît, à la lecture de ces prix, une très large différence de qualité entre les épingles. Enfin, il est consigné une douzaine de petittes espingles pour rabas a 50 s. douzaine et cinq papiers espingles a 6 s. le papier (AD BDR Aix, 303 E 219, fo 164 ro). Ces derniers correspondent très certainement à des feuilles de papier dans lesquelles les épingles sont piquées et rangées les unes à côté des autres. 48 Sur ce sujet, voir également Jean-Louis Peaucelle, Le coût de revient des épingles, art. cit. 49 Henri-Louis Duhamel du Monceau, René-Antoine Ferchault de Réaumur et Jean-Rodolphe Perronet, Art de l’épinglier, art. cit., 578. 47 69 aaPalettempLivre Artisanat.indb 69 19/09/2018 09:29:23 Olivier Thuaudet illusoire. En outre, en quoi ces derniers seraient-ils représentatifs, quand bien même proviendraient-ils d’ateliers de fabrication ? Sont-ils la production de quelques heures, d’une journée ? Pour des raisons d’efficacité, il est très peu probable que les artisans confectionnent quotidiennement une série complète des différentes tailles d’épingle qu’ils ont l’habitude de fabriquer. De nombreuses découvertes archéologiques montrent qu’une très large majorité des spécimens retrouvés font entre 2,6 et 3,6 cm. C’est le cas pour 90 % des épingles à Apcher. Pourtant sur ce site, le hasard veut que les ébauches conservées soient d’un diamètre bien plus fort que celui de la quasi-totalité des objets du corpus. Les fouilles ont révélé, sur le site lozérien, 3521 exemplaires complets. Une telle quantité de ces artefacts sur un site en marge des grandes voies de communication et où se retrouve par ailleurs une trentaine d’ébauches ne peut être que le résultat d’une fabrication locale. Ordinairement, il n’est signalé que quelques dizaines, voire une ou deux centaines d’individus, ou parfois un peu plus, notamment en contexte funéraire. L’atelier n’a pas été retrouvé dans la zone de fouille mais il en serait proche géographiquement. La durée de son fonctionnement n’est pas connue : elle se situe entre le xive et le xviie siècle, probablement au xvie ou au début du xviie siècle. L’étude de la stratigraphie, très complexe, est encore en cours, et il a donc été décidé, pour le moment, de ne considérer principalement que les objets découverts dans l’une des dix unités stratigraphiques ayant livré 80 % du mobilier, contextes reconnus comme des remblais ou des dépotoirs de la fin de l’occupation. Quelques autres strates correspondant à cette phase ont aussi été prises en compte. Le risque que les données soient influencées par des artefacts exogènes existe mais le nombre d’épingles est tel – environ 2770 individus complets – qu’il est fort probable que la quasi-totalité d’entre elles soient issues de la production locale et il a été décidé d’ignorer l’impact des éventuels objets étrangers à la production lozérienne. L’effet de nombre devrait en effet en minimiser les répercussions. Les conditions paraissent, par conséquent, réunies pour envisager un traitement statistique des épingles d’Apcher, avec pour objectif de clarifier, si possible, les normes utilisées par le ou les fabricants lozériens. Les dimensions relevées sont la longueur et le diamètre de la tige, la largeur et la hauteur de la tête. L’instrument utilisé a une marge d’erreur de 0,05 mm. J.-P. Jorrand 50, dans son étude des épingles de Laon a préféré prendre directement la mesure du fil constituant la tête, mais c’est oublier que la spirale de fil employée pour la tête des épingles est, au moment de sa fixation à l’extrémité de la tige, écrasée de manière plus ou moins importante. Cette opération conduit la plupart du temps à l’obtention d’un patatoïde proche de la sphère. En établissant la moyenne des dimensions de la tête de l’épingle – la hauteur et le diamètre – et en le divisant par deux, il est obtenu un rayon qui permet le calcul du volume de la tête. En y retranchant le volume de la portion de forme cylindrique de la tige, il s’obtient le volume du fil employé pour la tête. Il ne reste plus alors qu’à reprendre la formule du 50 Jean-Pierre Jorrand, Étude d’une série d’épingles, art. cit. 70 aaPalettempLivre Artisanat.indb 70 19/09/2018 09:29:23 La fabrication des épingles à tête enroulée calcul du volume d’une sphère, mais en l’utilisant en sens inverse, pour récupérer le diamètre du fil qui a constitué la tête. Calcul du rayon de la tête (r tête) = (d tête + h tête)/4 Volume d’une sphère = (4/3 x Pi x r tête3) Volume de la portion cylindrique de la tige prise sous la tête = (Pi x r tige² x h cylindre) Volume du fil (V) employé pour la tête = volume sphère - volume cylindre = (4/3 x Pi x r tête3) - (Pi x r tige² x h cylindre) Calcul du rayon (r) du fil de tête = ((3V)/(4 x Pi))^(1/3) Quelques graphiques simples illustrent déjà la prépondérance des épingles mesurant entre 2,9 et 3,3 cm de long puisqu’elles représentent 60 % du corpus (fig. 24). Le diamètre de la tige est compris entre 0,08 et 0,1 cm pour 82 % des artefacts (fig. 25) et le diamètre du fil de tête entre 0,08 et 0,1 cm pour 85 % des objets (fig. 26). Les coefficients de variation assez faibles (fig. 23) pourraient laisser croire à un corpus homogène. Des analyses statistiques plus fines et des graphiques plus élaborés démontrent cependant le contraire 51. La longueur de la tige, le diamètre de celle-ci et le diamètre du fil de tête des objets complets ont donc été traités dans un second temps par le moyen d’une analyse à composantes principales (fig. 27). Le graphique ainsi établi, comparé avec des graphiques à deux dimensions plus classiques, aboutit à la distinction de différents groupes d’épingles aux dimensions relativement homogènes. Ils sont représentés par des points de couleur. En confrontant leur localisation avec les données des figures 24 à 26, force est de constater que l’exposé ci-après se limite, en grande partie, à l’étude des objets de grande dimension. La majorité du corpus échappe donc à l’analyse à cause des limites des moyens statistiques. Certaines masses qui ne peuvent être différenciées par des points de couleur – elles rassemblent plusieurs centaines de spécimens – sont mises en évidence par une ellipse. Quelques ébauches (fig. 15) possèdent une tête sur leur tige qui semble correspondre à une future épingle. Ces longueurs ont été prises en compte comme appartenant à des objets achevés et placées sur quelques graphiques : elles sont symbolisées par des croix rouges. Avant toute chose, il apparaît que, d’une manière générale, le diamètre de la tige et celui du fil de tête s’accroissent de manière assez homogène en fonction de l’allongement des épingles (fig. 29 et 30) à l’exception de quelques rares exemplaires (en vert fluo). L’augmentation de la masse se fait par contre de manière bien plus rapide à partir d’une longueur d’épingle d’environ 4 cm, sans doute parce que le diamètre de la tige augmentant, la longueur de fil de tête nécessaire, dont le diamètre a également tendance à croître, est plus importante (fig. 28, 31 à 33). Les groupes d’épingles mis en évidence par l’observation des graphiques semblent attester de l’utilisation d’au moins deux séries de normes différentes. Dans les deux 51 La réalisation d’un dendrogramme s’est avérée impossible. 71 aaPalettempLivre Artisanat.indb 71 19/09/2018 09:29:23 Olivier Thuaudet cas, le diamètre du fil de tête est globalement similaire (fig. 29). Pour la première série (points vert foncé, jaune, violet foncé, cercle rouge), le diamètre du fil de tête est la plupart du temps équivalent ou supérieur au diamètre de la tige (fig. 27, 32). Cette dernière dimension étant inférieure (fig. 30) aux épingles de la seconde norme (points bleu clair, vert clair, rouge, rose, brun, cercle vert). Les épingles du second groupe ont un diamètre de la tige toujours supérieur à celui du fil de tête (fig. 27, 32), et leur masse est donc plus élevée pour une même longueur (fig. 28, 31 et 33). Le fabricant privilégie donc dans ce cas l’accroissement du diamètre de la tige lorsqu’il allonge ses épingles, ce qui permet une meilleure résistance de l’objet à la cassure et à la déformation lors de son utilisation. Les groupes vert foncé et bleu clair de cette série et les trois épingles/ébauches les plus longues semblent marquer une sorte de palier concernant le diamètre du fil de tête. Il se pourrait qu’au-delà d’une certaine longueur d’épingle et d’un certain diamètre de la tige, le diamètre du fil de tête ne soit plus augmenté. Au sein de chaque série, l’écart entre les groupes d’épingles s’accroît au fur et à mesure que la longueur augmente : les épingles les plus longues aux fonctions sans doute plus spécifiques sont certainement d’utilisation moins courante, elles sont donc produites en plus faible quantité et une multiplication des groupes n’est pas jugée utile. La moitié des ébauches d’Apcher (fig. 34) est d’un diamètre supérieur à celles du corpus (0,20 à 0,23 cm) ou équivalent à quelques rares exemplaires (0,18 et 0,19 cm). Une autre moitié (0,12 à 0,16 cm) appartient à la frange supérieure des épingles lozériennes (0,12 à 0,16 cm). Or, il ne s’agit pas de fils en cours de tréfilage comme le montre la présence de nombreuses têtes déjà disposées. À l’évidence, le corpus d’épingles retrouvé n’est pas parfaitement représentatif de la production. La question de l’abandon de ces artefacts se pose donc avec encore plus d’acuité : est‑elle l’illustration de la morphologie des derniers objets fabriqués à Apcher ? Les résultats de l’étude statistique menée sur les épingles d’Apcher s’avèrent très intéressants pour l’histoire des techniques, mais une telle démarche ne peut s’appliquer qu’à des contextes très particuliers. Deux habitudes de fabrication semblent avoir existé pour les épingles fabriquées sur le site lozérien. Il est probable qu’elles se suivent d’un point de vue chronologique mais il est impossible, pour le moment, de déterminer la plus ancienne. Cependant, les épingles de la série no 2, hors cercle rouge, ont en presque totalité été retrouvées dans la zone 8 du site, à l’exception des exemplaires du groupe brun majoritairement en zone 3. A contrario, les épingles de la série no 1, hors cercle vert, sont assez équitablement réparties entre les zones 3 et 8. Ces quelques différences dans la localisation des différents groupes d’épingles sont le résultat d’épandages de remblais à des époques différentes. Une étude à approfondir L’épingle à tête enroulée et tige droite en alliage cuivreux est de loin le type le plus commun puisqu’il représente 99 % des épingles provençales et 90 % de celles présentées dans la bibliographie. Plus que tout autre objet, l’étude ou la mention des 72 aaPalettempLivre Artisanat.indb 72 19/09/2018 09:29:23 La fabrication des épingles à tête enroulée épingles a certainement été fréquemment occultée des publications. Quand elles sont seulement mentionnées, et donc ni décrites ni figurées, elles ne peuvent être prises en compte dans le cadre d’un raisonnement scientifique. Certaines publications illustrent également des exemplaires d’épingles à tête enroulée sans en signaler le nombre exact. Dans ce cas, il n’est utilisé pour la cartographie que les spécimens répertoriés. Une telle carte est bien évidemment tributaire de la bibliographie accessible au chercheur. La carte de répartition (fig. 35) montre une distribution de ces épingles depuis la pointe sud de l’Italie jusqu’en Écosse, cependant, il est très probable que cette zone de distribution soit bien plus large. On peut objecter à la vue de ce document qu’il eut été plus utile de réaliser une partition des données pour mettre en évidence une évolution chronologique de la distribution des épingles durant toute la période d’utilisation. Mais, les épingles à tête enroulée sont d’un usage courant dès le xive siècle dans toutes les zones de présence attestée. Il n’y a guère que pour le xiiie siècle que la question se pose, et les strates bien datées sont alors rares. Il n’est donc pas possible de proposer une argumentation sur des bases aussi fragiles. L’intérêt de cette carte est de montrer la large diffusion de l’épingle à tête enroulée avant le xviiie siècle, objet anodin dont la fabrication en série requiert pourtant pas moins de dix-huit étapes avant sa commercialisation selon les ingénieurs du milieu du xviiie siècle. D’ores et déjà, une étude des déchets de fabrication d’épingles retrouvés sur le site d’Apcher, en Lozère, montre qu’il y était pratiqué une chaîne opératoire légèrement différente de celle retracée au milieu du xviiie siècle dans l’Encyclopédie ou le t. VII des Descriptions des Arts et métiers à partir des ateliers de Laigle, en Normandie. Le même processus de confection, assez complexe, se retrouve pour des épingles de Laon, dans l’Aisne, alors qu’elles étaient interprétées, à tort, comme techniquement caractéristiques des descriptions opérationnelles données par les ingénieurs modernes. Il n’apparaît pas de façon évidente que les ateliers de Laigle emploient une chaîne opératoire plus efficace. À la lumière de ces résultats, la question de la similarité des processus de fabrication dans toute cette zone géographique se pose donc avec force. Les découvertes de déchets de fabrication qui pourraient intervenir dans le futur et les recherches de ce matériel dans des dépôts archéologiques pourraient se révéler surprenantes. La chaîne opératoire proposée ici permet d’expliquer en grande partie l’obtention des ébauches du corpus, mais elle peut avoir été employée de manière concomitante en d’autres lieux, n’avoir été utilisée que durant une période limitée de l’activité de l’atelier d’Apcher. De même, comment chiffrer le nombre d’ouvriers nécessaire aux tâches évoquées ? Elles peuvent aussi bien être le résultat d’un seul homme que d’une dizaine d’individus. D’autres questions apparaissent : est-il pratiqué la même chaîne opératoire par l’ensemble des fabricants ? Si oui, comment l’expliquer ? Pendant quelle période ? Est-ce la conséquence de migrations d’artisans ? Le succès écrasant de ce type d’épingle est-il à l’origine d’une chaîne opératoire qui, en dépit d’un grand nombre d’opérations, permet de produire rapidement en très grande quantité ? Oui, très probablement, mais cela reste à démontrer par d’autres études et regroupements de données. 73 aaPalettempLivre Artisanat.indb 73 19/09/2018 09:29:23 Olivier Thuaudet Les fouilles archéologiques du site d’Apcher menées par Isabelle Rémy depuis maintenant de nombreuses années présentent l’intérêt particulier d’offrir un vaste corpus d’épingles et d’ébauches significatif d’une activité de fabrication. Ce corpus met en évidence des modes opératoires complexes, légèrement différents de ceux dont témoigne la littérature du milieu du xviiie siècle, pour une production en grande quantité. Au milieu du xviiie siècle, la fabrication en grande série des épingles à tête enroulée ne s’accommode pas d’une perte de temps, toute ébauche ou objet raté est donc immédiatement mis au rebut mais il n’est pas recyclé 52. La quantité de métal est sans doute trop peu importante pour qu’il y ait un intérêt économique à le faire. Toutefois, cette raison ne semble pas pouvoir être avancée pour expliquer la découverte des ébauches d’Apcher, car bon nombre d’entre elles sont parfaitement utilisables pour faire des épingles. En outre, la très grande majorité des épingles retrouvées ne présentent pas de défauts de fabrication. Une cessation de l’activité peut expliquer le rejet des ébauches mais comment expliquer celui des épingles achevées ? La prudence reste de mise quant à la caractérisation de cette « industrie » de l’épingle de forme artisanale ou proto-industrielle et la documentation est actuellement trop faible pour entrer dans ce débat. La question mérite toutefois d’être posée. En effet, l’Europe occidentale est parcourue d’intenses courants commerciaux qui, depuis le milieu du xiiie siècle, permettent la diffusion à grande échelle d’accessoires du costume et, de ce fait, peuvent faciliter l’écoulement de masses importantes de ces produits manufacturés. Toutefois, la localisation du site, dans une région difficile d’accès, et la mise en évidence d’une activité de fabrication de dés à jouer en matière dure d’origine animale ayant perduré durant quelque temps, pose la question de son statut. 52 Henri-Louis Duhamel du Monceau, René-Antoine Ferchault de Réaumur et Jean-Rodolphe Perronet, Art de l’épinglier, art. cit., 540. 74 aaPalettempLivre Artisanat.indb 74 19/09/2018 09:29:23 La fabrication des épingles à tête enroulée ZONE 8 ZONE 3 ZONE 1 Fig. 1 : Plan du château d’Apcher avec mise en évidence des principales zones dans lesquelles ont été retrouvées les épingles (d’après Rémy et Agostini 2009, fig. 3). 1 cm Fig. 2 : Exemples d’épingles retrouvées à Apcher. 75 aaPalettempLivre Artisanat.indb 75 19/09/2018 09:29:24 Olivier Thuaudet Décapage Calibrage du fil Recuit Confection des tiges Dressage Réalisation des moulées Rognage Epointage Epointage fin Coupe des tronçons Réalisation des têtes Confection des têtes Décapage Recuit Entêtage Décapage Blanchissage Séchage Vannage Piquage du papier Boutage des épingles Fig. 3 : Chaîne opératoire complète pour la fabrication des épingles à tête enroulée et tige droite d’après les ingénieurs du milieu du xviiie siècle. 76 aaPalettempLivre Artisanat.indb 76 19/09/2018 09:29:24 La fabrication des épingles à tête enroulée Parois de la boîte Fig. 4 : Boîte normalisatrice ; les dressées sont rangées et leur extrémité plaquée contre le fond de la boîte, les cisailles peuvent alors entrer en action et couper les tiges le long du bord de droite. Fig. 5 : Fabrication et mise en place des têtes sur les hanses. 77 aaPalettempLivre Artisanat.indb 77 19/09/2018 09:29:24 Olivier Thuaudet Fig. 6 : Entêtoir constitué d’une pédale rattachée à un poinçon (Z) frappant sur l’enclume (V) (Duhamel et al. 1777). 78 aaPalettempLivre Artisanat.indb 78 19/09/2018 09:29:24 La fabrication des épingles à tête enroulée Fig. 7 : Épinglier, Amb 317.2, fo 132 vo, 1515 Stadtbibliothek de Nuremberg. Fig. 8 : Épinglier, Amb 279.2o, fo 65 ro, 1595 Stadtbibliothek de Nuremberg. 79 aaPalettempLivre Artisanat.indb 79 19/09/2018 09:29:24 Olivier Thuaudet Fig. 9 : Épinglier, Amb 279.2o, fo 71 vo, 1605 Stadtbibliothek de Nuremberg. Fig. 10 : “Der heffelmacher”, d’après un dessin de Hans Sachs, gravé par Georg Rab, 2568, Deutsche Fotothek. 80 aaPalettempLivre Artisanat.indb 80 19/09/2018 09:29:24 La fabrication des épingles à tête enroulée 4607 4606 4614 4608 4564 4563 4615 4562 4563 4618 4616 4619 4567 0 5cm 537 Fig. 11 : Fragments d’ébauches sans tête. 547 1 cm 1 cm 4569 4565 4620 Fig.12 : Possibles fragments de moulées. 3030 Fig. 13 : Exemple d’épingle avec reste de tige au-delà de la tête. 81 aaPalettempLivre Artisanat.indb 81 19/09/2018 09:29:25 Olivier Thuaudet 0 5cm 4613 4568 4570 2614 4612 4573 4571 4611 4574 Fig. 14 : Fragments d’ébauches avec tête à une extrémité. 82 aaPalettempLivre Artisanat.indb 82 19/09/2018 09:29:25 La fabrication des épingles à tête enroulée 4560 4572 4604 4605 4610 4609 0 4566 5cm Fig. 15 : Ébauches avec une tête au milieu de la tige. 83 aaPalettempLivre Artisanat.indb 83 19/09/2018 09:29:25 Olivier Thuaudet 1 cm 4578 4584 Fig. 16 : Épingles à tête enroulée à deux spires et tige torsadée. Avignon 1 cm 4617 Fig. 17 : Fragments d’ébauches avec extrémité scindée dans la longueur. En haut, objet en provenance d’Avignon et en bas d’Apcher. Fig. 18 : Ébauches d’épingles à tête enroulée en provenance du site du Marché aux Herbes à Laon (Aisne) d’après Jorrand 1986. Dimensions inconnues. 84 aaPalettempLivre Artisanat.indb 84 19/09/2018 09:29:25 La fabrication des épingles à tête enroulée Rognage Epointage Epointage fin Coupe des épingles Réalisation des têtes Recuit Dressage Confection des têtes Réalisation des moulées Confection des tiges Dressage Décapage Confection des têtes Confection des tiges Décapage Réalisation des moulées Rognage Réalisation des têtes (Torsion) Entêtage Recuit Epointage Entêtage Epointage fin Décapage Coupe des épingles A Décapage B Fig. 19 : Proposition de chaîne opératoire pour la fabrication des épingles à tête enroulée d’Apcher A - Pour épingles à tige droite : B - Pour épingles à tige torsadée. a b 1 2 3 Fig. 20 : Hypothèse de restitution d’une tête. 85 aaPalettempLivre Artisanat.indb 85 19/09/2018 09:29:25 Olivier Thuaudet Laigle Apcher Fig. 21 : Distinction entre les matrices décrites à Laigle et celles qui furent en usage à Apcher. Parois de la boîte Fig. 22 : Explication des irrégularités de découpe rencontrées dans le corpus mobilier. 86 aaPalettempLivre Artisanat.indb 86 19/09/2018 09:29:25 La fabrication des épingles à tête enroulée L tige d tige d fil de tête 1er quartile 2,9 0,08 0,06 Médiane 3,1 0,09 0,07 3 quartile 3,3 0,1 0,08 Ecart-type 0,528 0,016 0,011 Moyenne 3,175 0,088 0,068 Coefficient de variation 16,642 17,744 16,198 e Fig. 23 : Données statistiques sur les épingles d’Apcher. 600 500 400 300 200 100 0 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6 Fig. 24 : Ventilation de la longueur des épingles d’Apcher (en cm). 87 aaPalettempLivre Artisanat.indb 87 19/09/2018 09:29:25 Olivier Thuaudet 1200 1000 800 600 400 200 0, 1 0, 11 0, 12 0, 13 0, 14 0, 15 0, 16 0, 17 0, 18 0, 19 0, 04 0, 05 0, 06 0, 07 0, 08 0, 09 0 Fig. 25 : Ventilation du diamètre de la tige des épingles d’Apcher (en cm). 1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 0, 01 0, 02 0, 03 0, 04 0, 05 0, 06 0, 07 0, 08 0, 09 0, 1 0, 11 0, 12 0, 13 0, 14 0, 15 0, 16 0, 17 0, 18 0, 19 0 Fig. 26 : Ventilation du diamètre du fil de tête des épingles d’Apcher (en cm). 88 aaPalettempLivre Artisanat.indb 88 19/09/2018 09:29:26 La fabrication des épingles à tête enroulée d fil tête 3625 4173 4367 4171 4172 2609 2613 2612 3198 4460 4168 4170 2610 2611 4334 1338 4631 1536 4169 1511 L tige 4366 4459 2988 3262 3418 3284 4458 4632 3188 3055 3090 3091 4967 30464451 4448 4918 3283 3070 3729 3520 3564 1907 4123 3591 3817 2738 3616 3639 36893476 2088 4021 4980 3632 4019 2178 3595 4020 3606 2184 2101 4370 3704 4658 3706 1441 4060 3599 3481 3484 3612 3643 3719 3495 2166 3525 3728 3485 3514 2113 3587 3741 4092 3907 4413 3908 4003 3624 3543 3552 2160 3644 3714 3722 3748 34783708 3206 3519 3555 4904 3344 4515 3849 4422 2191 4089 2135 3417 2092 3933 2731 3784 1459 2288 34324376 4546 3785 3531 3732 4510 3489 4750 2444 3360 213735044417 3408 4136 3153 3516 1343 4260 4933 4090 4663 2443 3576 3575 3991 3653 3803 3805 3816 3893 3989 4104 2456 3705 3786 1712 3532 3984 3342 3623 3707 4127 2820 12203513 37784103 2123 3985 3839 1851 4161 4697 2414 3882 3503 3684 45394735 2258 3363 3725 3885 3497 4002 3562 3572 3581 3580 3663 2299 3367 3739 3776 3775 3847 2275 4000 4033 4331 41293990 3762 3804 3523 4164 34121192 3563 4498 342920983443 2155 4306 2619 3611 3631 3357 4738 3976 3592 4345 3358 3713 3718 4506 2006 1412 3848 3967 3973 3349 4156 2107 4884 2114 2130 4944 28814099 4059 39254142 4817 2093 3500 4074 3583 3660 1545 3721 3724 3798 3905 3501 2856 3998 2395 3407 4096 3638 3662 4124 3726 3740 3774 3773 3802 3801 3603 3872 3891 3890 4321 4393 3983 4001 4015 4014 2824 4160 3477 1222 4699 4497 3630 3727 4315 3076 3376 4837 1491 4433 1799 3986 4833 1559 2230 2031 1732 3436 4429 2516 2596 3438 1546 2645 2120 3687 3045 3828 24311880 3944 2045 3494 13184158 4116 1209 3641 3738 3829 3449 1418 3904 3499 3945 3537 3551 3554 3571 4100 3602 3637 3683 4475 1211 1735 3369 3753 3783 3799 4418 1748 3316 3389 3862 3861 3865 3871 3886 3932 1800 3977 3982 1818 2329 4768 4128 4134 3892 4152 4681 3970 4701 4379 2318 4122 2196 2232 2366 4722 3965 4724 4824 3473 2209 3978 3524 4825 4675 2129 3590 4776 4852 4384 4387 1514 4654 4389 4516 3840 4964 2672 2678 3468 4348 21414978 2604 1199 1198 2096 4725 2125 2142 3461 3382 3917 4627 3957 2869 4925 3926 1226 3383 3881 3902 3923 1349 4027 4052 3547 1301 1341 3384 2176 2276 2323 4017 3560 2750 3731 3750 3761 3782 1761 3845 3859 3884 3903 3930 2226 3505 2281 3988 4018 4032 44082078 3534 3536 3561 2753 1191 3348 3650 3685 3747 3754 1419 3846 3864 3863 3889 3888 3887 3906 4843 1886 1285 4013 4403 4439 1236 1723 4667 4293 2831 2704 1624 3442 4138 2197 3837 4397 1913 3972 2215 3527 4378 4501 4094 3605 3610 4864 3227 4689 4832 4844 4316 4930 3451 3378 4771 4520 4527 4525 4957 4802 1302 1849 3434 4137 1890 4737 2102 3467 4907 1569 3703 4500 3466 3470 1241 2433 2277 3759 1766 3381 3900 3919 3922 3942 4016 1726 3539 1262 3399 4057 4070 4111 1842 3676 2222 3781 2821 3924 3535 3548 2408 3994 4028 4035 4282 3598 4109 4112 1203 1205 2383 2717 2848 3385 3388 3858 3410 1394 1184 2822 3542 4252 2246 4529 1729 3601 3622 3642 4846 3362 3737 3736 3746 4945 2244 1237 1411 1422 1763 3127 3844 3843 3842 3860 3931 3959 4276 2293 1859 1781 1911 2194 2300 4281 4405 1815 2224 4289 4407 3588 3415 2830 3645 3661 4126 4125 2164 3712 4135 4143 2728 472145492062 4420 2294 3528 3999 4402 4375 4097 3838 4723 4437 1385 2245 4443 1337 4706 1934 2148 3604 3701 4691 4690 4736 4779 4830 4381 4504 2121 2900 1745 4694 4390 4923 2903 2167 4521 4163 1993 3512 2348 1996 44112659 3469 3586 4552 1922 1313 29521494 3471 1948 1860 2119 3770 3912 1295 1573 2517 3042 4080 2874 1738 2163 3373 3372 3735 3815 3387 3853 3879 3878 3921 3943 3951 1281 1775 2605 3405 3404 3980 4009 4008 4012 4026 4050 4071 4079 2333 1617 3380 3857 3636 2432 2468 4146 4148 1269 1788 4400 3483 3820 3566 1239 3854 3880 3937 1914 4502 4051 4058 1985 2372 3118 4544 1598 4291 2046 2170 2724 3126 3928 4705 4394 1920 2449 2202 2238 4938 2926 4653 1596 1310 2180 2305 2317 2706 4533 2920 1737 2247 3711 3749 3751 3797 4811 2601 3883 3929 4392 2105 1458 2396 4662 2220 2233 1853 2014 2595 2686 3431 1727 3589 3698 4886 2922 4355 1608 2239 4670 4733 4858 4961 4816 2153 2743 4763 3518 2625 4453 2161 3209 1843 2108 1460 21473509 4117 3172 2405 2598 3314 3329 2013 2094 2136 1798 2042 2150 2862 2546 4939 1472 2007 2022 3825 1249 1784 4068 3323 2058 2419 2751 4106 4491 4251 3354 3673 3672 3371 3771 3814 4436 4005 4899 1347 1415 3379 3386 3876 3898 3897 4319 1255 1797 4007 4006 4010 4041 4330 1881 2126 1520 3219 4098 4110 4656 1523 4935 3652 3675 1221 3734 3760 3824 1716 2104 2627 2629 3852 3877 3899 3901 3920 1402 1517 3398 4049 3359 3730 4666 4965 4542 1532 2391 1244 1409 1756 2622 2842 3841 3856 1958 1474 2009 2480 2740 4651 4412 3141 4139 2955 4292 1720 2015 2971 3541 3540 3546 3549 2944 3600 4809 4382 4503 2208 2836 3184 3226 3319 3745 4262 4266 4759 4881 4314 4435 4513 1760 2723 4269 4778 4883 4519 1926 2606 3130 3975 4087 4700 4868 4895 4476 4528 2048 4286 4707 4762 1915 2127 3550 4462 1855 4151 4428 3472 1768 4264 4815 4726 2185 4966 4974 1743 4648 33283430 1246 1513 2109 3333 4692 4783 2188 4711 4806 1824 2643 2342 1417 4896 4756 3236 1709 1547 4854 1889 2863 3163 4341 34333427 2100 4828 1825 2421 4928 3437 3557 1200 40782438 1802 4114 1827 1456 1612 2350 4155 3659 3678 3681 3795 3867 3866 4395 4115 1266 1794 4038 2757 4492 1320 2479 3579 3578 1910 2032 3353 3352 3674 3680 3679 3510 2522 1744 3027 3769 3780 3800 3810 3812 1414 1427 1606 2719 3392 3870 3896 3914 3913 3936 3941 3960 4421 1250 1259 1258 1257 1277 1276 1377 1786 2273 2413 3397 3979 3987 3997 4025 4040 4055 4054 4053 4069 4325 1314 1457 1814 1983 1990 4093 4108 4426 3855 4248 3340 1329 1837 4132 2953 3971 4145 4144 2709 2156 4807 2647 2640 2833 3208 3597 3629 3640 4770 4308 3918 4322 2084 2198 2365 3709 3717 3720 4263 4688 4894 4514 3981 4056 1591 2168 3279 3927 4273 4674 4766 4829 4299 4910 3023 2353 3077 4698 4760 4962 2755 4890 1292 1812 4105 4120 2331 1372 3071 3585 4377 2122 2389 4835 1331 1527 3710 3788 3832 3835 4353 4913 3143 34284373 2269 3113 1319 2089 1792 1932 4401 4369 4898 4469 4468 1791 3183 3474 4655 2091 1189 1722 2103 3522 4889 4456 2648 1153 2694 4703 2777 1992 2703 2837 4543 2214 4926 1550 1774 2145 1806 1595 1838 2071 2767 3440 1884 1620 1485 1857 1936 2249 2059 2630 3836 4914 2927 4077 20903435 4772 3229 1773 2656 1850 2521 3950 3792 3813 4782 2139 1778 4067 4066 4081 3122 1300 1452 1777 1785 2407 4764 1830 2504 1483 1858 3559 3573 3614 3656 4434 1938 3565 3766 3768 3779 3796 3809 4466 3390 4275 1253 1272 1438 1771 2025 2642 3160 4031 4037 4279 4444 2621 1321 1615 2343 2367 2473 3187 3327 2251 4287 2065 2355 4141 3635 3646 4310 4415 4875 4538 3366 3758 3772 4730 2351 4831 4385 2171 3869 3868 3875 3911 3916 3915 3935 4277 2040 4261 4704 4893 4941 4943 1565 2741 3993 4011 4905 4438 4545 1921 2037 2218 2641 4676 4396 1305 1462 2004 2749 4091 4095 4101 4288 1336 1560 3140 3168 4531 4891 1481 1933 2138 4307 4153 3594 3618 3620 3694 4819 4927 1987 2212 3158 3196 3744 4643 4761 4803 4836 4855 4356 4963 4464 1750 2324 2722 3966 4274 4650 4668 4729 4834 4880 4909 4359 4623 3177 1447 4821 4363 3502 1506 1525 3339 2770 4133 4639 4920 3615 3621 2053 1822 3406 2270 3144 2190 1207 3702 3105 4404 2193 2393 2023 2227 3330 2095 2221 1487 4874 1835 3157 4258 2347 2377 1604 2697 3223 2000 2192 4550 2931 2272 1180 2673 28281539 3049 1769 4250 4371 2533 2883 3949 3956 1883 1610 4022 4072 4113 1616 2423 4130 1529 3558 3651 3686 4937 3364 3789 3955 1245 1416 1421 1755 2325 2951 3940 1783 3402 4045 4076 1287 1971 2319 2853 3992 4084 1289 1309 2531 1585 1600 3570 2876 2049 2519 3154 3350 3649 3658 3657 3666 3671 3682 1874 2461 1741 2261 3757 3765 3767 3073 1879 1230 1423 1426 1425 1429 2711 2847 3851 3910 3961 4268 4271 4853 3216 1270 1283 1435 2175 2279 2381 3185 3237 3996 4030 4039 4280 4285 1161 2841 4626 1303 1323 1464 2420 3134 4107 4744 1327 1829 2285 2450 4869 3574 1364 2003 2339 3191 3619 1493 1868 2291 1489 1601 3247 3596 4351 4388 4509 4511 1567 2492 2390 2885 1924 2106 2234 2306 2354 2840 3132 3361 3716 3715 4826 4931 4507 2402 4318 4739 4749 4885 1268 1954 4647 4624 4949 3456 1966 2118 4131 1988 2754 3204 4150 1730 2311 3054 4808 1475 3723 4946 116830324781 2263 4823 4399 1334 2134 2200 2236 2378 3161 4625 2029 4159 2050 2858 4850 1387 1713 2097 2115 2179 4717 4847 2133 2708 1537 2203 2924 3377 1444 2074 4085 4457 2844 3475 3148 1636 1821 2403 2904 2907 1867 2039 27001182 2159 2143 2889 3416 3806 1379 1437 1521 4490 3507 1405 1247 1344 1361 1375 2726 3939 2162 1428 1280 1439 1548 4063 4065 4083 4493 1787 1976 2737 1454 1613 2284 1353 1390 2530 20701484 2905 1556 1826 1848 1355 1186 2961 3582 2063 4637 1374 2231 3764 3791 3790 3794 3793 4741 4486 1733 2698 3251 1232 1234 1240 1345 1410 2349 2721 4709 1251 1273 1351 1432 1989 2057 4036 4652 4657 4162 1871 3202 1297 1296 1316 1453 1923 1965 1991 2024 3228 2282 1980 2363 3521 2872 2189 4140 4975 3696 3608 2054 2707 4540 1158 1746 4541 1413 2600 2603 1159 1231 2041 2264 4659 1265 3022 4024 4284 4680 4365 1442 2379 4406 4547 2854 1543 3190 3492 3496 3238 4679 3533 4537 2289 2290 2359 2827 3593 3628 4719 4857 2195 2384 3811 4716 4818 4827 4845 2341 2602 3004 4841 4859 4524 3201 1947 3401 4777 2111 2671 2117 2360 2756 4634 1179 4784 2371 4921 2551 42572675 4677 2599 1214 1986 1607 1754 1999 2784 2859 3128 4947 3511 4754 1725 2768 1490 3695 1969 2131 4955 4810 2657 1780 2158 1813 1356 1704 4312 2424 4555 2774 3633 2661 2716 3934 3954 2732 2855 2963 1793 4004 4034 4048 4062 4489 1294 4425 3487 2286 2684 3569 1195 3155 3700 1955 1885 2884 4154 3688 2838 2964 3752 1892 2494 1973 1978 2169 2265 2267 3120 4664 4805 1953 1264 2385 3400 4088 4440 4064 4082 1293 1307 2929 1533 3480 1918 1524 1618 4532 2345 3577 2435 4820 3697 4871 4309 4463 2498 2020 4702 1157 1219 1957 2313 2695 3021 3733 4642 4740 4842 4960 1235 1408 1424 1758 2474 4973 3256 3850 3874 3964 3968 4272 4713 4822 4358 4950 1261 1288 1376 1445 1916 2860 4029 4669 4718 4765 4902 4329 4628 2919 3454 1772 1823 1312 1315 1317 1362 1467 2181 4102 4743 4840 4427 2467 4734 4454 3530 1865 1724 1856 2008 2337 2607 1480 3607 3609 4769 2515 2976 1496 1875 2486 2540 2887 3834 4897 4357 4512 3756 4267 4746 1549 2739 1436 4324 1979 3331 1816 3240 3334 3493 2761 3180 4951 1328 2899 3538 4644 1365 2819 4383 1870 2017 1962 4641 4419 2028 2204 3439 1950 1466 1820 1360 2336 1181 4848 3826 2744 3391 2287 1322 1807 2677 3515 2068 3670 3677 3692 28521196 3743 3370 3827 1248 3947 1274 1779 4043 1352 2055 1326 2763 1201 2826 3665 3691 1370 2296 2260 3195 4265 1228 1757 2843 2845 3112 3974 1275 1278 1284 1789 1801 2409 2946 4300 4424 2932 3224 1354 1519 1555 1627 2417 1479 1931 2005 3214 1333 1482 1862 2018 2509 3170 3699 1204 1208 1941 2211 2401 3210 4494 4508 2689 1945 1578 1752 2027 2030 2223 2387 2715 2720 2727 3873 4661 4660 4678 4908 4398 1380 4283 4936 1306 1522 2455 4121 4328 1540 1324 1917 2301 2327 1388 1587 2594 2635 2056 2437 1930 2304 2487 2541 4380 1566 4147 3248 3634 4352 1495 1589 3211 1878 1348 1749 1762 4812 4901 4362 1440 3218 3995 4638 4912 1707 1810 2867 1384 3444 3455 1311 1541 2228 2994 3465 4753 2124 3411 4253 4814 4932 2834 2975 3627 4633 4813 4856 3292 4727 1233 1943 4695 4860 2663 1782 4976 2928 1809 1451 4645 4953 4249 4922 1847 2144 1185 1188 4374 2021 2149 3321 1929 1340 2151 2548 3464 4952 2939 2529 4959 1346 1576 1378 2274 2616 1628 3508 3138 1831 2422 3159 3119 3374 1242 3125 1803 2344 3079 4047 4061 4073 4441 1634 2076 2493 2865 2930 4347 2857 1156 2210 1562 1637 1841 2052 2871 3568 1169 2632 1834 1872 2439 1406 2839 2938 2271 2321 2712 4320 2898 4423 3894 3938 3948 3953 1256 4044 1721 1450 2051 2064 2746 1395 1711 2977 3343 2060 2340 3235 2026 2201 3556 4728 4879 4349 1981 2146 2082 3117 3139 4712 4773 3142 3221 1531 1739 2375 2949 3833 4693 4757 4882 4317 4354 1961 1759 1972 1977 2016 3123 4714 4360 4487 3181 3821 2199 2235 2241 2615 3129 4086 4696 4748 4364 3452 2747 1542 2011 3488 2462 2491 4867 1714 3245 4838 4548 1939 2225 2309 3173 4940 2980 4484 2067 3088 4979 2217 1433 2174 1538 2043 2182 3147 3269 3446 4495 1882 2550 433843724919 4942 2315 2617 2173 2734 4157 1946 2240 2206 2242 2771 2658 2545 2172 1631 2705 2957 2654 2878 2742 2511 1243 1252 1271 4023 4326 1291 1468 2752 1325 2302 2764 2680 2879 2165 1876 2430 1227 4665 4485 2893 3823 3830 2470 1592 3053 3133 1254 1263 1279 1350 2394 3078 4046 1304 1551 1804 1808 1819 3164 4119 4118 3338 4851 4876 1619 1963 2010 2427 2457 3167 1404 3347 4256 4461 1861 2877 1223 1919 1927 2061 2248 4635 4839 4948 1498 2782 1224 1764 3124 3969 4758 4526 3174 1267 2736 3186 4929 15721908 2335 3317 26082892 4934 3243 2426 2485 2539 4332 3137 1504 2380 2745 2696 1974 1469 1951 4311 2112 3103 4344 4687 3895 2186 2667 3441 3453 1964 2177 4672 2549 2072 2312 3526 2665 2998 4636 4767 4774 4313 1212 2152 4888 4342 2012 3268 1609 1770 2110 4775 4956 4480 1486 2216 3230 1840 3101 2066 1282 2278 2280 2925 2702 3818 2864 2683 1632 1155 3355 3368 2079 2499 24882404 2542 1190 3351 3664 1217 3807 1605 2268 162214992652 2069 2620 1434 2332 2730 4686 1290 1298 1552 1949 2036 2451 2483 2537 2634 3244 1471 2644 3156 3346 2352 3171 1568 2219 3787 4892 4416 4972 1564 2034 2895 3414 1213 1218 3808 1753 2425 3445 1505 4327 1178 3040 2338 2477 2481 2535 3162 2790 1719 2237 2682 3192 3545 1937 1403 2369 4732 4887 4414 1863 2510 2259 4671 1563 2593 1639 2846 4742 4752 4517 4523 1844 3280 4496 2080 2205 3052 2823 3116 3151 3205 3529 4337 2083 2330 4906 3277 3059 1342 3325 1817 4343 4751 2297 3463 4346 4804 1553 4747 1571 1593 3413 2873 3409 1420 1967 2781 1357 1516 2410 4505 1463 1833 3648 3655 1206 2950 3763 2514 1959 1869 1229 2266 3952 1286 1308 1448 2253 2364 2019 2469 4455 2999 4488 1982 2441 2626 1751 3257 1398 3239 1401 2832 3669 3668 2376 1210 3365 1366 2934 2320 2386 2725 3946 3450 3458 4795 1430 2362 3491 3490 1299 2415 4304 1183 1717 3544 1470 1912 1944 2495 3166 3136 3234 3613 4646 2303 2361 3755 1492 1928 1975 3963 4731 3096 4336 4755 2894 3145 4878 3152 3241 4745 2669 2825 2962 4865 2373 1465 4530 3215 4866 4391 4270 3312 3448 2388 2528 3482 4877 2252 4715 2001 1515 2597 3099 4255 4559 1488 1887 4870 3479 2416 2866 2116 2140 1503 1446 28501602 1952 2713 2735 1805 3819 1708 3375 3000 2501 1449 4649 1477 1197 1731 2692 1734 1742 2310 4903 2676 1633 2075 2623 3909 2454 1998 3336 2087 1940 2334 2489 3553 3345 18662543 1873 3097 2649 2896 1811 2283 2497 2397 3072 2073 2357 1740 4149 3253 2442 2466 1767 2316 3115 1163 1956 2255 3150 1500 1935 2307 3100 1583 3194 4872 4446 1995 1997 2463 2888 1579 3403 4335 2256 3176 1202 29651642 2128 3026 3617 2882 2132 3179 4682 1697 3051 1554 2157 1518 1626 1558 1461 2505 1854 1736 13673178 1386 25322434 1625 2773 2776 1528 49583462 3121 2328 2628 3008 3089 2370 1535 1193 3667 1864 1215 2081 2701 2835 3003 4720 2038 2382 2714 1176 2213 2679 24532358 1154 3626 2956 2086 1368 3297 3962 2326 3460 1877 2154 2292 4849 2077 3207 2187 4259 2778 42784386 4361 2699 1225 1260 2406 2785 1561 2870 2933 1638 1795 2411 3447 4042 3313 2459 1588 4323 3272 3486 1790 2861 2687 2446 2399 2880 2448 2346 2650 3149 1162 1582 28972886 3193 30573307 4954 28902947 3063 1611 2936 2651 2257 2418 1371 2670 3266 3457 1599 3335 1400 2298 3341 2979 3742 1238 4522 3017 2693 3037 2765 1706 1765 2207 3175 2791 4977 1701 1160 2783 2937 3258 2759 2646 3098 2786 2478 3197 3822 2436 4473 1590 1497 3061 1796 2995 1836 2769 4673 2506 2314 43402891 1586 3182 1603 4873 3007 1715 3242 3309 2475 2996 3311 4483 1845 1994 3165 1656 3831 2818 2183 1534 4556 1332 2690 3777 3114 3030 2295 27922440 4368 3068 3255 3332 3425 4470 1644 2085 2523 3261 2972 2653 1970 2997 2981 3001 4640 3066 1373 1473 3058 2935 2368 3326 1710 2460 2780 1393 3324 4499 4472 1187 1718 2685 3050 3065 2624 1502 1846 433323221925 3038 2816 3396 1396 3015 2733 1478 3356 2243 4290 1501 1671 4303 3337 3647 4518 2356 2398 2710 3084 2945 3102 2923 1698 3310 3393 3048 1832 2308 2400 3295 2789 2502 2472 2954 2465 2966 3426 1407 2921 4924 4350 1455 2044 1984 2688 2503 1399 4916 1577 1397 4254 1216 2974 2849 3296 4294 2412 1960 2787 2534 1530 1575 2875 3250 2984 3308 2033 2969 2637 3085 3291 4708 1383 4478 2668 2748 3019 2958 1909 2429 2445 2447 2047 1747 27941557 3062 13811652 1167 3009 1594 4917 1630 3203 3320 28683075 2229 3254 1509 4447 3074 4685 3288 2992 2762 1166 4339 3020 2482 2536 1443 4075 3270 29871570 4442 1363 2500 13893014 4445 1728 1431 2002 3654 2851 3958 34983095 2985 3220 2374 2775 3213 2464 1614 3303 1968 2766 4683 3315 2636 3018 4452 2909 1391 1651 3293 3060 3299 3394 1699 3246 3278 2428 3041 30341692 4481 2471 24842973 2538 147630051852 1574 2250 3300 2254 1828 2507 2664 3267 2718 2099 3200 4465 2940 3233 1839 1194 30282392 1664 3087 3298 3305 1658 4482 30363259 3260 1339 3169 2788 1942 3249 1358 4247 1173 2666 3567 1640 1682 2633 2901 1678 4554 26181649 1700 1694 3306 3111 3212 4551 2660 1888 4710 1675 2674 2983 1641 2681 3006 4477 3083 34591650 1691 3506 1663 22622691 1645 4467 2993 3693 3217 3271 3289 3273 1170 2982 3275 1544 1686 3395 2967 4553 1657 2948 4474 1669 297815843039 1674 1679 3274 2902 1369 1655 30432476 1702 2795 2513 1665 3064 3690 3016 3318 2452 2829 1685 2772 3294 3276 1175 1666 1695 2729 3304 1646 3252 2986 1151 1672 1677 1693 1382 1776 2758 1581 1172 1689 2035 2639 1359 2496 1580 1660 1174 1512 3110 4432 2817 1688 1690 3035 3290 4479 1392 3031 2490 2544 2760 1653 1696 1676 1681 2458 1673 330131042508 3086 4471 1177 1152 1647 1683 43021684 3281 3044 1668 1643 1680 1703 1171 3029 1164 1661 1667 1670 1687 2970 2638 2518 1648 1659 2662 1654 3002 3033 1335 1662 d tige Inertia r. p. 2 r. p. c. 2 1 1,88 62,88 62,88 2 0,72 24,08 86,96 3 0,39 13,04 100 coord cos2. contrib. coord cos2. contrib. L tige -0,638 0,767 40,73 -0,013 0 0,02 d tige -0,548 0,566 30,02 -0,695 0,349 48,27 d fil tête -0,541 0,551 29,25 0,719 0,374 51,71 Fig. 27 : Analyse en correspondance principale des dimensions des épingles d’Apcher. 89 aaPalettempLivre Artisanat.indb 89 19/09/2018 09:32:43 Masse Olivier Thuaudet 2,00 1,80 1,60 1,40 1,20 1,00 0,80 0,60 0,40 0,20 0,00 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10 0,12 0,14 Diamètre du fil de tête Diamètre du fil de tête Fig. 28 : Distribution de la masse (en gr.) en fonction du diamètre du fil de tête (en cm) des épingles d’Apcher. 0,14 0,12 0,10 0,08 0,06 0,04 0,02 0,00 0 2 4 6 8 10 12 Longueur de la tige Diamètre de la tige Fig. 29 : Distribution du diamètre du fil de tête en fonction de la longueur de la tige (en cm) des épingles d’Apcher. 0,2 0,18 0,16 0,14 0,12 0,1 0,08 0,06 0,04 0,02 0 0 2 4 6 8 10 12 Longueur de la tige Fig. 30 : Distribution du diamètre de la tige en fonction de la longueur de la tige (en cm) des épingles d’Apcher. 90 aaPalettempLivre Artisanat.indb 90 19/09/2018 09:32:47 Masse La fabrication des épingles à tête enroulée 2,00 1,80 1,60 1,40 1,20 1,00 0,80 0,60 0,40 0,20 0,00 0 2 4 6 8 10 12 Longueur de la tige Diamètre du fil de tête Fig. 31 : Distribution de la masse (en gr.) en fonction de la longueur de la tige (en cm) des épingles d’Apcher. 0,14 0,12 0,10 0,08 0,06 0,04 0,02 0,00 0 0,04 0,06 0,08 0,1 0,12 0,14 0,16 0,18 0,2 0,22 Diamètre de la tige Masse Fig. 32 : Distribution du diamètre du fil de tête en fonction du diamètre de la tige (en cm) des épingles d’Apcher. 2,00 1,80 1,60 1,40 1,20 1,00 0,80 0,60 0,40 0,20 0,00 0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0,12 0,14 0,16 0,18 0,2 Diamètre de la tige Fig. 33 : Distribution de la masse en fonction du diamètre de la tige (en cm). 91 aaPalettempLivre Artisanat.indb 91 19/09/2018 09:32:51 Olivier Thuaudet 8 7 6 5 4 3 2 1 0 0,12 0,13 0,14 0,15 0,16 0,17 0,18 0,19 0,2 0,21 0,22 0,23 Fig. 34 : Ventilation des diamètres de l’ensemble des ébauches d’Apcher (vert) et distinction des ébauches avec une ou deux têtes (lavande). Le nombre affiché sur chaque entité territoriale correspond au nombre de sites archéologiques ayant livré ce mobilier. 1 1 2 1 1 Ind. 1 1 1 11 Nombre d’épingles à tête enroulée et tige droite 1 2 1 1 Ind. 2 1 2 1 1 2 3 1 1 1 1 1 2 1 1 1 1 1 1 1 à 10 31 à 40 11 à 20 41 à 50 21 à 30 + de 50 Ind. : Indéterminé 1 3 1 1 1 2 1 21 3 4 3 1 5 1 1 34 14 1 1 Régions hors carte 1 Québec (Canada) 1 État du Maine (États-Unis) 1 État du Massachusetts (États-Unis) 2 1 Fig. 35 : Carte de répartition des épingles en alliage de base cuivre à tête enroulée et tige droite étudiées ou retrouvées dans la bibliographie et datées jusqu’au xviie siècle. 92 aaPalettempLivre Artisanat.indb 92 19/09/2018 09:32:51 La fabrication des épingles à tête enroulée Bibliographie ARNAUD D’AGNEL, Gustave (abbé), Les comptes du Roi René publiés d’après les originaux conservés aux archives des Bouches-du-Rhône, Paris, Librairie Alphonse Picard et fils, 1908, 3 t. BECQUEY, Louis, Mines et minières métalliques abandonnées ou qui n’ont point encore été exploitées en France, in RAVINET, Théodore, Code des ponts et chaussées et des mines ou collection complète des lois, arrêtés, décrets, ordonnances, règlements et circulaires concernant le service des ponts et chaussées et des mines, jusqu’au 1er janvier 1829, Paris, Carilian-Cœury, 1829, t. 3. BERTRAND, Jean-Élie, éd., Descriptions des arts et métiers faites ou approuvées par messieurs de l’Académie royale des sciences de Paris, nouvelle édition, t. VII, contenant l’art de la draperie, l’art de friser ou ratiner les étoffes de laine, l’art de faire les tapis, façon de Turquie, l’art du chapelier, l’art du tonnelier, l’art de convertir le cuivre en laiton & l’art de l’épinglier, Neufchatel, Imprimerie de la Société Typographique, 1777. CHAMBERS, Ephraïn, Cyclopaedia: or an universal dictionary of arts and sciences, Londres, s.n., 1728, 2 t. DELAIRE, Alexandre (Deleyre), Épingle, in DIDEROT, Denis et ALEMBERT, Jean le Rond d’, dir., Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, New York, Readex microprint corporation, 1751-1776, 1778-1779³, 6 t. DIDEROT, Denis et ALEMBERT, Jean le Rond d’, dir., Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris, 1751-1776, 26 tomes. DUHAMEL DU MONCEAU, Henri-Louis, FERCHAULT DE RÉAUMUR et René-Antoine, PERRONET Jean-Rodolphe, Art de l’épinglier, Paris, Saillant et Noyon, 1761. DUHAMEL DU MONCEAU, Henri-Louis, FERCHAULT DE RÉAUMUR, René-Antoine et PERRONET, Jean-Rodolphe, Art de l’épinglier, in GALON, Jean-Gaffin, éd., L’art de convertir le cuivre rouge ou cuivre de Rosette en laiton ou cuivre jaune, Saillant et Nyon, 1764. DUHAMEL DU MONCEAU, Henri-Louis, FERCHAULT DE RÉAUMUR, René-Antoine et PERRONET, Jean-Rodolphe, Art de l’épinglier, in BERTRAND, Jean-Élie, éd., Descriptions des arts et métiers faites ou approuvées par messieurs de l’Académie royale des sciences de Paris, nouvelle édition, t. VII, contenant l’art de la draperie, l’art de friser ou ratiner les étoffes de laine, l’art de faire les tapis, façon de Turquie, l’art du chapelier, l’art du tonnelier, l’art de convertir le cuivre en laiton & l’art de l’épinglier, Neufchatel, Imprimerie de la Société Typographique, 1777. MACQUER, Philippe, Dictionnaire portatif des arts et métiers, Yverdon, s.n., 1766-1767, 3 t. PERRONET, Jean-Rodolphe, Épinglier, in DIDEROT, Denis et ALEMBERT, Jean le Rond d’, dir., Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris, 1760, t. 3 des planches. POIRÉ, Paul, La France industrielle ou description des industries françaises, Paris, Hachette et Cie, 1875. SAVARY DES BRUSLONS, Jacques et SAVARY DES BRUSLONS, Philémon-Louis, Dictionnaire universel de commerce, d’histoire naturelle et des arts et métiers, (nouvelle édition augmentée), Copenhague, C. et A. Philibert, 1759-1765, 5 vol. SMITH, Adam, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Londres, W. Strahan et T. Cadell, 1776. 93 aaPalettempLivre Artisanat.indb 93 19/09/2018 09:32:52 Olivier Thuaudet Études BAILLY-MAÎTRE, Marie-Christine, La Terre d’Hierle et ses mines au Moyen Âge, in De roches et d’Hommes : mines et minéraux en Cévennes, Le Vigan, Musée Cévenol, 2012, p. 5-19. BIDDLE, Martin and BARCLAY, Catherine, Sewing pins and wire, in BIDDLE, Martin, dir., Artefacts from medieval Winchester, t. VII, part. II, Object and economy in medieval Winchester, Oxford, Clarendon press, vol. 2, 1990, p. 560-571. DAY, Joan, Brass and zinc in Europe from the middle ages until the mid-nineteenth century, in CRADDOCK, Paul Terence, dir., 2000 years of zinc and brass, (révisé), Londres, British Museum, 1990, 1998², p. 133-156. DÉMIANS D’ARCHIMBAUD, Gabrielle, Les fouilles de Rougiers (Var). Contribution à l’archéologie de l’habitat rural médiéval en pays méditerranéen, Valbonne, CNRS, 1990. JORRAND, Jean-Pierre, Étude d’une série d’épingles post-médiévales découvertes à Laon (Aisne), Revue archéologique de Picardie 3/4, 1986, p. 139-141. LECHELON, Bernard, La mine d’argent médiévale de Bouco-Payrol (Aveyron), Archéologie en Languedoc 21, 1997, p. 167-182. MAAS, Alexandre, La mine de La Roussignole 2 (Cabrières, Hérault) : Premiers résultats des recherches, Archéologie en Languedoc 26, 2002, p. 55-62. PEAUCELLE, Jean-Louis, Le coût de revient des épingles en Normandie au 18e siècle, 1999, (papiers de recherche du GREGOR), consulté le 8 octobre 2012, URL : http://www.univparis1.fr/GREGOR. PEAUCELLE, Jean-Louis, Raisonner sur les épingles, l’exemple d’Adam Smith sur la division du travail, Revue d’économie politique 4, 2005, p. 499-519. PEAUCELLE, Jean-Louis, Les innovations techniques et organisationnelles dans la fabrication des épingles, Innovations 27, 2008, p. 27-44. RÉMY, Isabelle, FOCK-CHOW-THO, Cécile et GUIONOVA, Guergana, Lozère, Apcher, Le château, Document final de synthèse de fouille programmée 2001-2003, rapport de fouille, Prunières, Association des Amis du site d’Apcher, 2004. RÉMY, Isabelle, GUIONOVA, Guergana, TALLUAULT, Olivier, FOCK-CHOW-THO, Cécile, VACQUIER, Jacques et DIEULAFAIT, Francis, Château d’Apcher, fouille de la zone 9, Apcher (Lozère), rapport final d’opération, fouille programmée, 2005-2008, rapport de fouille, Prunières, Association des Amis du site d’Apcher, 2008. RÉMY, Isabelle et AGOSTINI, Hélène, Le château d’Apcher, fouille programmée, 2009-2011. Intervention sur la zone 8 : la cour et le logis 3, rapport de fouille, Prunières, Association des Amis du site d’Apcher, 2009. RÉMY, Isabelle et THUAUDET, Olivier, Lozère, Apcher, Le château, rapport intermédiaire de fouilles programmées 2010. Intervention sur la zone 8 : Les logis 3 et 4, la cour, rapport de fouille, Prunières, Association des Amis du site d’Apcher, 2011. RÉMY, Isabelle, CAILLET, Marie, FEMENIAS, Jean-Marc, THUAUDET, Olivier et TRINCAL, Vincent, Lozère, Apcher, Le château, rapport intermédiaire de fouilles programmées 2011. Intervention sur la zone 8 : Le logis 4 (le secteur 6), le bâtiment 5 (secteurs 7 et 8) et la cour, rapport de fouille, Prunières, Association des Amis du site d’Apcher, 2011. RICHIER, Anne, AUBOURG, Corinne, BARBIER, Sylvain, COGNARD, Francis, COLLINET, Jean, HERNOT, Julie, MOROLDO, Frédéric et WEYDERT, Nicolas, Les sépultures, in RICHIER, Anne, dir., Bouches-du-Rhône, La Ciotat, Carré Saint-Jacques. L’Îlot Saint-Jacques : du vignoble champêtre au cimetière paroissial, rapport de fouilles, Aix-en-Provence, DRAC PACA, t. 1, 2011, p. 241-327. SUVIÉRI, Virginie et DE BOISSÉSON, Louis, Les époques médiévale et moderne, in BOUIRON, Marc, dir., Marseille, du Lacydon au faubourg Sainte-Catherine. Les fouilles de la place 94 aaPalettempLivre Artisanat.indb 94 19/09/2018 09:32:52 La fabrication des épingles à tête enroulée du Général-de-Gaulle, Paris, Éditions de la maison des Sciences de l’Homme, DAF, no 87, 2001, p. 207-226. THOMAS, Nicolas, Les ateliers urbains de travail du cuivre et de ses alliages au bas Moyen Âge : Archéologie et histoire d’un site parisien du xive siècle dans la Villeneuve du Temple (1325-1350), thèse d’archéologie médiévale sous la direction de Paul Benoît, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, Paris, inédit, 2009. THUAUDET, Olivier, Le mobilier métallique, in BOUIRON, Marc, dir., Nice, La colline du château, histoire millénaire d’une place forte, Nice, Mémoires millénaires, 2013, p. 267‑277. THUAUDET Olivier, Les accessoires métalliques du vêtement et de la parure de corps en Provence du xie au xvie siècle : étude archéologique et approche croisée d’une production méconnue, Thèse d’Archéologie médiévale sous la direction d’Andréas Hartmann-Virnich et Marie-Christine Bailly-Maître, Université d’Aix-Marseille, Aix-en-Provence, inédit, 2015. THUAUDET, Olivier et CHAZOTTES, Marie-Astrid, Étude du mobilier manufacturé non céramique, in ABEL, Véronique, BOUIRON, Marc et PARENT, Florence, dir., Fouilles à Marseille, Objets quotidiens médiévaux et modernes, Arles, Éditions Errance, Aix‑en‑Provence, Centre Camille Jullian, Bibliothèque d’Archéologie Méditerranéenne et Africaine, no 16 ; Études massaliètes, no 13, 2014, p. 295-349. TYLECOTE, Ronald Frank, « Scientific examination and analysis of objects of coppe-base alloy », in BIDDLE, Martin, dir., Artefacts from medieval Winchester, t. VII, partie II, Object and economy in medieval Winchester, Oxford, Clarendon Press, vol. 1, 1990, p. 130-134. VAUGEOIS, Gabriel, Histoire des antiquités de la ville de L’Aigle et de ses environs, L’Aigle, P.- É. Brédif, 1841. Résumé Les fouilles réalisées sur le site du château d’Apcher à Prunières en Lozère ont fourni un corpus de 3768 épingles à tête enroulée et à tige droite en alliage cuivreux ainsi que plusieurs dizaines d’ébauches d’épingles et de chutes de fil. L’observation de ces objets, un traitement statistique de leurs dimensions, la comparaison des artefacts avec l’iconographie ancienne ainsi qu’avec les observations réalisées par les ingénieurs français du xviiie siècle ont permis de reconstituer le processus de fabrication des épingles et de mettre en évidence plusieurs normes de standardisation des dimensions. Mots clés : Épingle, atelier, fabrication, Époque Moderne, Lozère. Abstract The excavations on the site of the castle of Apcher in Prunières (Lozère, France) provided a corpus of 3768 pins with coiled head and straight stem in copper alloy as well as several dozen unfinished pins and wire scraps. The observation of these objects, a statistical treatment of their dimensions, the comparison of the artifacts with the old iconography and the observations made by the French engineers of the eighteenth century made it possible to reconstitute the process of making the pins and reveal several standards of standardization of dimensions. Key words: Pin, workshop, manufacture, Early Modern Period, Lozère. 95 aaPalettempLivre Artisanat.indb 95 19/09/2018 09:32:52 Table des matières Introduction Sylvain Burri et Mohamed Ouerfelli La Méditerranée, observatoire privilégié de l’artisanat et des industries 5 Première partie : Techniques, extraction et transformation des matières premières 21 Christine Bailly-Maître et Nicolas Minvielle Larousse Entre artisanat et industrie : le monde de la mine au Moyen Âge 23 Olivier Thuaudet La fabrication des épingles à tête enroulée : réflexion à partir des épingles retrouvées au château d’Apcher (Lozère) 57 Marie-Astrid Chazottes Les battants de sonnailles ou de clarines en Provence au bas Moyen Âge (xiiie-xvie siècles). Premier état de la question 97 Sylvain Burri La saisonnalité des techniques : l’exemple de la levée du liège dans le massif des Maures à la fin du Moyen Âge 139 Moez Dridi Le « miel de datte » et sa production : technique de transformation et culture de consommation en Arabie orientale 169 Chiara Marcotulli et Elisa Pruno Teindre ou ne pas teindre. Là est le problème ! Le cas du site de Shawbak (Jordanie) 187 Deuxième partie : Les métiers dans la ville et sa périphérie 203 Allaoua Amara L’apport des sources textuelles à la connaissance de l’artisanat au Maghreb médiéval 205 Mourad Araar Les métiers dans deux villes capitales de l’Ifrîqiya (Kairouan et Tunis) à travers les inscriptions funéraires 219 553 aaPalettempLivre Artisanat.indb 553 17/09/2018 10:08:30 Mohamed Hassen Les métiers artisanaux dans la ville de Tunis à la fin du Moyen Âge 243 Ivan Armenteros-Martínez et Roser Salicrú i Lluch Des esclaves pour servir ou pour travailler ? L’utilisation de la main-d’œuvre servile dans les villes du sud de l’Europe occidentale (xive-xve siècle) 263 Martine Vasselin « His aggregantur artes mechanicae » : réflexions sur l’iconographie des métiers artisanaux dans les décors monumentaux de l’Italie du Trecento 301 Yassir Benhima Le cadre légal de l’activité de la tannerie en Occident musulman médiéval à travers les sources juridiques 317 Brigitte Marino Tanneurs de Damas au xviiie siècle. Autonomie et frontières d’une corporation de métier 327 Nicolas Maughan Toxicité et nuisances des tanneries marseillaises : essai d’histoire environnementale sur l'impact d'une activité artisanale polluante en zone urbaine (xviiie-xixe siècle) 353 Troisième partie : Circulation, transmission et mutation des savoirs : de l’atelier de potier à la boutique d’apothicaire 407 Guergana Guinova et Lucy Vallauri Beaucaire au xive siècle : un atelier de potier urbain à la façon de Saint-Quentin 409 Yves Porter Les potiers de Kâshân (fin xiie-début xive siècle) : splendeurs et mystères d’une production persane 425 Véronique François Création, renouvellement ou disparition des ateliers de potier en Thrace de l’époque byzantine jusqu’au début du xxe siècle 469 Daniela Santoro Les apothicaires en Sicile à la fin du Moyen Âge 491 Carles Vela Aulesa L’apothicaire médiéval : au-delà de la simple vente de médicaments (Barcelone, fin Moyen Âge) 503 Mohamed Ouerfelli De l’apothicaire au maître sucrier : naissance d’un nouveau métier en Méditerranée médiévale 523 Conclusion 549 Sylvain Burri et Mohamed Ouerfelli 554 aaPalettempLivre Artisanat.indb 554 17/09/2018 10:08:31